(Ottawa) Ottawa appelle l’Érythrée à « retirer immédiatement » ses militaires de la région du Tigré, en Éthiopie, quelques jours après l’annonce d’un cessez-le-feu pour mettre un terme à un conflit qui a conduit à la pire crise humanitaire dans le monde depuis une décennie, notamment à cause de la famine.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, et sa collègue du Développement international, Karina Gould, ont rappelé dans une déclaration commune, mercredi, que le Canada se félicitait du cessez-le-feu dans la région du Tigré. Ottawa exhorte maintenant toutes les parties à permettre « un accès humanitaire sans entrave » et appelle l’Érythrée « à retirer immédiatement ses forces » du Tigré.

« Le Canada demande à toutes les parties de saisir cette occasion pour trouver une résolution pacifique au conflit qui apportera une sécurité durable dans la région », écrivent les ministres Garneau et Gould. Ils affirment que le Canada est prêt à soutenir le gouvernement éthiopien et la population « dans la poursuite d’une réconciliation et d’un processus politique national inclusifs et qui reflètent la volonté de tous les citoyens ».

Des forces de l’Érythrée combattent avec le gouvernement de l’Éthiopie, pays voisin, contre les rebelles du Tigré. Le gouvernement éthiopien a affirmé mercredi que des soldats érythréens s’étaient retirés du Tigré, une information qui n’a pas pu être confirmée dans l’immédiat. Les responsables érythréens n’ont pas répondu aux questions posées par l’Associated Press.

Le gouvernement éthiopien a décrété lundi un cessez-le-feu unilatéral immédiat dans la région, dans une annonce diffusée par les médias d’État peu de temps après que l’administration intérimaire nommée par le gouvernement fédéral au Tigré, a fui la capitale régionale, Mekele, et appelé à un cessez-le-feu. Pendant ce temps, les habitants de Mekele ont applaudi le retour des forces du Tigré.

À Addis-Abeba, le gouvernement éthiopien soutenait que le cessez-le-feu durerait jusqu’à la fin de la saison cruciale des plantations, en septembre. Cette trêve pourrait calmer une guerre qui a déstabilisé le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique et menacé de faire de même dans la Corne de l’Afrique.

Le gouvernement éthiopien a toutefois déclaré mercredi que son armée pourrait revenir dans quelques semaines dans la capitale de la région du Tigré. Des forces tigréennes ont repris des zones clés lorsque certains des plus fervents combattants ont rejeté le cessez-le-feu, affirmant qu’il s’agissait d’une « mauvaise blague » et jurant de chasser les forces éthiopiennes et érythréennes de la région.

Il n’y aura pas de négociations avec l’Éthiopie tant que les communications, les transports et autres services qui ont été coupés ou détruits pendant une grande partie de la guerre ne seront pas rétablis, a déclaré mercredi le porte-parole des forces du Tigré, Getachew Reda. « Nous devons nous assurer que chaque centimètre carré de notre territoire nous est rendu, nous les propriétaires légitimes », a expliqué M. Getachew, ajoutant que les forces éthiopiennes se battent toujours pour regagner le territoire et que les forces érythréennes contrôlent toujours une « partie importante » de la région.

L’Éthiopie est l’un des principaux bénéficiaires de l’aide internationale du Canada. Ce pays d’Afrique de l’Est a reçu près de 2 milliards d’aide du Canada entre 2010 et 2019, selon la Plate-forme canadienne de développement international, une organisation sans but lucratif de collecte de données. Certains appellent Ottawa à cesser d’envoyer des millions de dollars d’aide au gouvernement éthiopien, mais aussi à faire pression pour la création d’une zone d’exclusion aérienne, ce qui permettrait la livraison d’aide alimentaire aux habitants du Tigré, qui ont été attaqués par l’armée fédérale depuis près de huit mois, avant le cessez-le-feu.

Azeb Gebrehiwot, de l’Association des communautés tigréennes au Canada, a déclaré que les Canadiens devraient savoir que l’argent des contribuables finance le gouvernement éthiopien, qui a commis des atrocités au Tigré.

Le conflit a conduit à la pire crise humanitaire au monde depuis une décennie, avec plus de 350 000 personnes menacées de famine, selon les Nations unies et d’autres groupes humanitaires.

— Avec des informations de l’Associated Press.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Facebook et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.