(Niamey) Le Niger a de nouveau été la cible lundi d’attaques de djihadistes présumés qui ont fait une cinquantaine de morts dans l’Ouest du pays, près du Mali, les premières violences depuis l’élection du président Mohamed Bazoum le 21 février.

Une première attaque « a eu lieu hier (lundi) dans l’après-midi et a visé un véhicule transportant des passagers sur l’axe Banibangou-Chinégodar », dans la région de Tillabéri, « et il y a eu une vingtaine de tués », a rapporté un habitant d’un village joint au téléphone.

Située dans la zone dite des « trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, la région de Tillabéri est depuis des années le théâtre d’actions sanglantes de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique (EI).

« Ce sont des gens qui étaient venus au marché de Banibangou et qui se dirigeaient vers Chinégodar », un peu plus au nord, a affirmé un autre villageois sans avancer de bilan. Un élu local et une source préfectorale ont assuré « être au courant d’attaques », mais sans pouvoir donner de bilan ni les circonstances de ces attaques.

Banibangou abrite un des plus importants marchés hebdomadaires de cette zone, près de la frontière malienne.

D’autres attaques ciblant des villages ont été perpétrées dans la soirée de lundi vers 18 h locales (17 h GMT) par « des bandits armés », faisant « une trentaine de tués », selon une source sécuritaire.

Ces attaques n’avaient pas encore été confirmées mardi soir par le gouvernement.

Élu chef de l’État le 21 février au second tour de la présidentielle, Mohamed Bazoum s’est engagé à lutter contre l’insécurité, un des plus grands défis du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, qui doit lutter aussi contre les islamistes du groupe nigérian Boko Haram dans sa partie sud-est.  

M. Bazoum a été élu président le 21 février, mais n’est pas encore investi. Ce n’est pas encore lui qui exerce le pouvoir.

« Nous sommes sur la bonne voie », avait estimé son prédécesseur et mentor Mahamadou Issoufou à l’issue de ses deux mandats, en dépit de la poursuite des attaques.

Déploiement tchadien

La région de Tillabéri a été la cible des pires attaques djihadistes qu’a connues le Niger.

Le 2 janvier, entre les deux tours de l’élection présidentielle, 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la commune de Mangaïzé, un des pires massacres de civils au Niger.

Un an auparavant, le 9 janvier 2020, 89 soldats nigériens étaient morts dans l’attaque du camp militaire de Chinégodar. Et un mois plus tôt, le 10 décembre 2019, ce sont 71 soldats nigériens qui avaient péri dans une attaque à Inates, une autre localité de la région de Tillabéri. Ces deux attaques contre l’armée, qui avaient traumatisé le pays, avaient été revendiquées par les djihadistes de l’EI.

La région de Tillabéri demeure instable malgré d’importants efforts pour tenter de la sécuriser.

Un contingent de 1200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, doit se déployer dans la zone des trois frontières, dans le cadre du « G5 Sahel » regroupant cinq pays (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad) qui s’efforcent de coopérer dans la lutte antidjihadiste depuis 2015.

Comme ses voisins le Mali et le Burkina, également très touchés par les exactions des groupes djihadistes, le Niger bénéficie du soutien de l’opération française antidjihadiste Barkhane, qui compte 5100 hommes déployés au Sahel.

La France dispose d’une base sur l’aéroport de Niamey, d’où opèrent des avions de chasse et des drones armés.

Le président français Emmanuel Macron s’était engagé en février, en marge du dernier sommet du G5 Sahel à N’Djamena, à maintenir les effectifs de cette force.

Les États-Unis disposent aussi d’une importante base de drones à Agadez, donnant aux États-Unis une plateforme de surveillance pour l’ensemble du Sahel. En octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, un village de la zone des trois frontières.