(Alger) Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, a été transféré mercredi soir en Allemagne pour des « examens médicaux approfondis », a indiqué la présidence à Alger après l’annonce de cas suspects du nouveau coronavirus dans l’entourage du chef de l’État.

La veille, la présidence avait affirmé que M. Tebboune, gros fumeur, avait été admis dans une unité de soins spécialisés de l’hôpital central de l’armée à Alger, mais que son état de santé n’inspirait « aucune inquiétude ».

Elle n’a pas précisé les causes exactes de son hospitalisation à Alger ni celles de son transfert en Allemagne. Mais samedi elle a fait savoir que M. Tebboune s’était mis « volontairement » à l’isolement pour cinq jours après la possible contamination par le nouveau coronavirus de plusieurs hauts responsables de la présidence et du gouvernement.

« Le président de la République a été transféré en Allemagne pour des examens médicaux approfondis sur recommandation du staff médical », a précisé la présidence dans un communiqué.

Cette annonce survient à quatre jours d’un référendum sur la révision de la Constitution présentée par le président algérien pour fonder une « nouvelle République ».

M. Tebboune était censé inaugurer mercredi soir la salle de prière de la grande mosquée d’Alger, la troisième plus grande au monde, à la veille de la fête du Mawlid, la naissance du prophète de l’islam Mahomet. C’est le premier ministre Abdelmadjid Djerad qui l’a inaugurée à sa place.  

Après plusieurs semaines de lente décrue, l’Algérie, dont les frontières restent fermées, connaît une recrudescence des contaminations à la maladie de la COVID-19 depuis deux semaines. Plus de 57 000 cas ont été officiellement recensés dans ce pays de 44 millions d’habitants depuis février, dont plus de 1940 décès.

Abdelaziz Djerad a déploré dimanche le « relâchement » de la population dans le respect des mesures de prévention contre la pandémie.

M. Tebboune a été élu le 12 décembre 2019 avec 58,13 % des suffrages au 1er tour, scrutin qui a connu la plus faible participation de toutes les présidentielles pluralistes en Algérie : 39,38 %.

Il a succédé à Abdelaziz Bouteflika, chassé en avril 2019 par un mouvement de contestation populaire pacifique inédit qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an avant sa suspension il y a plusieurs mois en raison du nouveau coronavirus.   

Le mouvement de contestation réclame un changement du « système » en place depuis l’indépendance du pays en 1962. En vain jusqu’à présent, même s’il a obtenu en le départ de M. Bouteflika après 20 ans de règne, synonyme d’autoritarisme, de corruption et de népotisme.

M. Tebboune, qui a fait carrière au sein de l’appareil d’État, notamment au côté d’Abdelaziz Bouteflika qui en fera très brièvement son premier ministre, est le Premier président de l’Algérie à ne pas être issu des rangs des anciens combattants de la guerre d’indépendance contre le pouvoir colonial français (1954-1962).