(Bamako) Plusieurs centaines de personnalités politiques, de la société civile et des militaires maliens discutaient samedi à Bamako des conditions d’une restitution à terme du pouvoir aux civils, notamment de la durée de cette transition.

Un groupe de colonels a renversé le 18 août le président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013 et affaibli par des mois de contestation face à la grave crise sécuritaire, économique et institutionnelle traversée par le pays, mais aussi la corruption reprochée à toute la classe politique.

Des experts désignés par la junte ont proposé vendredi une « charte » prévoyant une transition de deux ans dominée par les militaires.

Mais la dernière version de cette « charte » en discussion samedi tablait sur une durée de 18 mois pour cette transition, qui serait conduite par un président désigné par un comité lui-même établi par la junte, selon des correspondants de l’AFP.

Certains partenaires internationaux du Mali, à commencer par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réclament un retour des civils dans un an maximum, au terme d’une transition dirigée par des civils.

La Cédéao, qui a imposé au Mali un embargo sur les flux commerciaux et financiers, a donné à la junte jusqu’à mardi pour désigner un président et un premier ministre civils.

Des membres du mouvement de contestation qui a mobilisé pendant des semaines dans la rue contre le régime du président Keïta ont dénoncé un « document qui a été complètement charcuté » par rapport aux travaux conduits depuis jeudi.

« Nous n’approuverons pas cette charte » en l’état, a assuré l’une des dirigeantes du mouvement, Sy Kadiatou Sow, déplorant « une volonté de confisquer le pouvoir par le CNSP (Conseil national de salut du peuple institué par les putschistes, NDLR) et ceux qui le soutiennent ».

Niankoro Yeah Samaké, dirigeant du Parti pour l’action civique et patriotique et ancien candidat à la présidentielle, s’est déclaré vendredi favorable au délai de 12 mois fixé par la Cédéao, estimant que « la transition doit être de courte durée ».  

En revanche, l’ancien premier ministre Moussa Mara a affirmé que la transition devrait pouvoir durer plus de 12 mois si nécessaire.

« Mettons la responsabilité de la durée sur les décideurs que nous allons mettre en place. Que ces décideurs le président de la transition, le conseil et le gouvernement fixent une durée », a-t-il dit vendredi.

La junte n’a pas révélé à qui il reviendrait de rédiger la version finale de la charte, ni quand elle serait rendue publique.

Des participants ont indiqué sous le couvert de l’anonymat s’attendre à ce que les colonels tranchent eux-mêmes sur la base d’une synthèse des débats. Le document ne serait publié qu’après la fin des travaux, prévue samedi, dans un délai non précisé, ont-ils dit.