(Istanbul) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde contre une résurgence du terrorisme islamiste si le gouvernement libyen siégeant à Tripoli, reconnu par l’ONU, venait à être renversé, dans un article paru samedi à la veille d’une conférence internationale à Berlin sur le conflit en Libye.

« L’Europe fera face à une nouvelle série de problèmes et de menaces en cas de chute du gouvernement légitime libyen », a écrit M. Erdogan sur le site internet Politico.

« Les organisations terroristes comme l’EI (le groupe djihadiste État islamique, NDLR) et Al-Qaïda, qui ont subi une défaite militaire en Syrie et en Irak, trouveront un terrain fertile pour reprendre pied », a-t-il poursuivi.

Le chef de l’État turc a ajouté que si l’Union européenne ne parvenait pas à soutenir de manière adéquate le Gouvernement d’union nationale (GNA) dirigé par Fayez al-Sarraj, ce serait « une trahison de ses propres valeurs fondamentales, y compris la démocratie et les droits de l’homme ».

« Laisser la Libye à la merci d’un seigneur de guerre serait une erreur de portée historique », a-t-il ajouté, parlant du maréchal Khalifa Haftar qui a déclenché en avril 2019 une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli.

Dans la soirée, son ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a attaqué sur Twitter la Grèce, qui a reçu vendredi le maréchal Haftar.

« Inviter Haftar en Grèce et mettre en avant les préoccupations nationales grecques sabote les efforts pour ramener la paix en Libye », a-t-il déclaré.

« Nous aimerions rappeler à nos amis grecs que ces efforts futiles sont vains. @NikosDendias », a-t-il ajouté à l’adresse du chef de la diplomatie grecque, dont le pays a vainement tenté d’être invité à la conférence de Berlin.

Après des mois de combats, qui ont fait plus de 2000 morts, un cessez-le-feu orchestré par le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc est en vigueur depuis le 12 janvier. Mais il est fragile et les Européens craignent une internationalisation du conflit, avec notamment l’implication de la Turquie qui a annoncé l’envoi de soldats pour soutenir le GNA.

« L’UE doit montrer au monde qu’elle est un acteur pertinent dans l’arène internationale », a encore estimé dans son article M. Erdogan.

« La prochaine conférence de paix à Berlin est un pas très significatif vers cet objectif. Les dirigeants européens devraient toutefois un peu moins parler et se concentrer sur la prise de mesures concrètes », a-t-il martelé.  

Plusieurs pays seront représentés dimanche à la conférence organisée dans la capitale allemande sous l’égide des Nations unies, dont la Russie, la Turquie, les États-Unis, la Chine, l’Italie et la France.