Les pays pauvres du monde font face à une dangereuse pénurie de toilettes qui met en péril le vie de millions de personnes, ont prévenu lundi des militants qui ont souligné la Journée mondiale des toilettes en exhortant les gouvernements et les entreprises à investir davantage dans les installations sanitaires.

La crise des toilettes est particulièrement prononcée dans certaines régions d'Afrique et d'Asie confrontées à une pauvreté extrême et à un boom démographique.

Une école primaire sur cinq et une école secondaire sur huit dans le monde n'ont pas de toilettes, a prévenu lundi le groupe WaterAid dans un nouveau rapport célébrant la Journée des toilettes des Nations unies, dans le cadre des efforts pour mettre fin à la crise sanitaire mondiale.

On estime que 4,5 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à des installations sanitaires adéquates, révèle le rapport. D'après les chiffres des Nations unies, quelque 2,5 milliards d'entre elles ne disposent pas de toilettes adéquates. L'absence de toilettes contraint plusieurs personnes à déféquer en plein air - dans les rues, dans les buissons, près des rivières et d'autres sources d'eau.

Parmi les objectifs de développement fixés par l'ONU en 2015, il est prévu de veiller à ce que tout le monde ait accès à des toilettes sécuritaires d'ici 2030. Cependant, les militants préviennent qu'il sera difficile d'atteindre cet objectif si les gouvernements et les entreprises n'investissent pas davantage dans l'économie sanitaire.

L'assainissement est «la mission de la décennie», a déclaré Cheryl Hicks, directrice générale du groupe d'entreprises genevois Toilet Board Coalition. Elle a déclaré à l'Associated Press que le groupe encourageait les investissements commerciaux pour atténuer les pénuries de toilettes dans les pays où les gouvernements ne peuvent se permettre de telles infrastructures.

«La moitié du monde a besoin de toilettes. On ne les a pas car l'infrastructure coûte trop cher aux gouvernements», a-t-elle expliqué.

Les pays africains sont parmi les plus nécessiteux à ce chapitre.

Le nouveau rapport de WaterAid souligne qu'environ 344 millions d'enfants en Afrique subsaharienne n'ont pas de toilettes à la maison, ce qui les rend vulnérables à la diarrhée et aux autres infections qui se transmettent par l'eau.

En Guinée-Bissau, en Afrique de l'Ouest - l'un des 101 pays étudiés par WaterAid -, huit écoles sur dix ne disposent pas de toilettes adéquates. La même étude a révélé que 93% des ménages de l'Éthiopie, en Afrique de l'Est, ne disposent pas de toilettes décentes.

En septembre 2007, un élu ougandais avait déclaré à la presse qu'il se trouvait «dans une situation désespérée» après avoir été photographié en train d'uriner contre un mur devant le ministère des Finances à Kampala. Il a ensuite été inculpé et condamné à une amende, malgré ses protestations contre le manque d'installations sanitaires à proximité.

Il y a moins de 20 toilettes publiques gratuites à Kampala, une ville de plus de trois millions d'habitants. Les toilettes situées dans les bâtiments de la ville sont souvent gardées sous clé, apparemment pour éloigner les utilisateurs indésirables.