La mission de l'ONU au Mali a été la cible de deux attaques samedi, dont la première, d'« envergure », a fait deux morts et cinq blessés dans le nord au sein du contingent burkinabè, tandis que la seconde, quelques heures plus tard dans le centre, a fait trois blessés parmi les soldats de la paix togolais.

Déployée en 2013 après que le nord du Mali est tombé sous la coupe de djihadistes liés à Al-Qaïda, la Minusma, qui compte environ 12 500 militaires et policiers, avait déjà perdu plus de 160 Casques bleus, dont plus de 100 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des soldats de l'ONU tués pendant cette période dans le monde.

Samedi à l'aube, son camp de Ber, un village de la région de Tombouctou, au nord, a été visé par une « attaque complexe, lancée simultanément par plusieurs camionnettes armées de lance-roquettes et de mitrailleuses, et d'autres chargés d'explosifs », a expliqué la mission de l'ONU dans un communiqué.

Les Casques bleus ont « repoussé l'attaque » et ont « poursuivi les assaillants », selon la même source.

D'après l'état-major général des armées du Burkina Faso, deux soldats burkinabè ont trouvé la mort « et cinq autres ont été blessés dans ces affrontements ».

Cette attaque rappelle l'opération de djihadistes qui avaient tenté de prendre le contrôle du Super Camp de l'ONU et de la force française Barkhane à Tombouctou à la mi-avril, au cours de laquelle un Casque bleu avait été tué et sept militaires français blessés lors d'un assaut d'environ quatre heures.

Assaillants tués

C'est une opération importante. D'abord, un véhicule des terroristes portant une arme lourde a ouvert le feu, puis des terroristes à pied ont attaqué. C'est une opération « d'envergure » qui s'est déroulée samedi, à confié à l'AFP une source sécuritaire malienne, selon qui « au moins deux assaillants ont été tués ».

Des habitants et une source médicale ont indiqué que plusieurs civils, dont des enfants, avaient également été blessés par balles dans ce village lors des échanges de tirs entre militaires et assaillants.

Selon l'ONU, quelques heures plus tard, à Konna, dans la région de Mopti, au centre, des Casques bleus ont également été l'objet d'une attaque à l'engin explosif improvisé. Il s'agissait cette fois de membres du contingent togolais, a indiqué une source proche de l'ONU, faisant état de trois blessés parmi les Casques bleus, dont un grave.

« Je condamne fermement cette attaque brutale, qui n'entamera pas notre détermination à appuyer le Mali dans sa marche vers la paix », a déclaré dans un communiqué le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU et chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif.

État d'urgence

Présentant ses condoléances, il a rappelé que « les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre » et a estimé que les « auteurs de ces crimes doivent être poursuivis et doivent payer pour leurs actes ».

L'état d'urgence au Mali, en vigueur quasiment sans interruption depuis l'attentat djihadiste contre un grand hôtel de Bamako en novembre 2015, avait été à nouveau prorogé d'un an, à compter du 31 octobre, deux mois après la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui a fait de la « sécurisation » du Mali la priorité de son second mandat.

Les djihadistes avaient pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes, qui l'ont ensuite évincée. Ils ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.

Cependant, les violences djihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires, qui ont fait plus de 500 morts parmi les civils dans le centre du Mali depuis le début de l'année, selon les comptages de l'ONU.