L'opposant congolais en exil Moïse Katumbi a de nouveau été bloqué samedi à la frontière zambienne de la République démocratique du Congo, où il voulait rentrer pour déposer sa candidature à l'élection présidentielle avant la date-butoir du 8 août, ont rapporté ses proches.

«Nous sommes en train de quitter Kasumbalesa», a déclaré à l'AFP son directeur de cabinet et porte-parole Olivier Katimatu, qui avait annoncé en fin d'après-midi que M. Katumbi venait de revenir dans cette ville frontalière entre la Zambie et la RDC.

«Le gouvernement zambien vient de signifier officiellement (à Moïse Katumbi) le refus des autorités de Kinshasa de le laisser franchir la frontière pour rentrer dans son pays», a ajouté dans un tweet M. Kamitatu. «Mensonge et manipulation», a répondu le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende.

Vendredi, M. Katumbi, menacé d'arrestation s'il rentre en RDC, s'était présenté une première fois au poste frontière congolais qu'il affirme avoir trouvé fermé. Des forces de sécurité étaient déployées côté congolais.

«A-t-on jamais vu un gouvernement interdire à un soit-disant fugitif de se rendre?», a ironisé M. Kamitatu.

Une foule de plusieurs centaines de partisans l'a accueilli vendredi des deux côtés de la frontière. Côté congolais la police affirme avoir tiré en l'air pour riposter aux manifestants qui lançaient des pierres. Un chauffeur tanzanien a été blessé.

Un jeune garçon aurait trouvé la mort en touchant un câble électrique alors qu'il était en train de courir, a indiqué la radio onusienne Okapi en citant la police. Une femme serait morte en recevant un projectile dont la provenance n'est pas connue, selon cette même source.

La presse et des partisans de M. Katumbi avaient tenté de rejoindre Kasumbalesa mais se sont heurtés à un barrage à la sortie de Lubumbashi.

«Moïse Katumbi a le droit de revenir dans son pays. L'empêcher, lui et sa délégation, de revenir pacifiquement dans leur pays est une violation flagrante de leurs droits humains garantis dans la Constitution de la RDC», a écrit dans un communiqué la branche d'Afrique de l'Est d'Amnesty International.

Son avocat parisien Eric Dupond-Moretti a annoncé vendredi son intention de saisir «le comité des droits de l'homme des Nations unies pour constater cette nouvelle violation des droits fondamentaux de Moïse Katumbi et cette violation du processus démocratique».

Un collectif d'associations congolaises a également dénoncé «la fermeture du poste frontalier de Kasumbalesa dans le seul but d'empêcher M. Moïse Katumbi de rentrer dans son pays».

Passé en 2015 à l'opposition, M. Katumbi a quitté la RDC en mai 2016 pour des raisons médicales en plein démêlés judiciaires.

Il a été condamné en son absence à trois ans de prison dans une affaire immobilière dont il conteste tout fondement. Il est également poursuivi dans une affaire de recrutement de mercenaires, renvoyée au 10 octobre par la Cour suprême.