Trois Russes porteurs de cartes de presse ont été assassinés dans la nuit de lundi à mardi près de Sibut, dans le centre de la Centrafrique, ont déclaré des sources centrafricaines et les autorités russes.

«Selon des informations reçues de la République centrafricaine, le 30 juillet, non loin de la ville de Sibut - à 300 km au nord de la capitale Bangui - trois personnes ont été tuées qui portaient des cartes de presse émises aux noms de Kirill Radtchenko, Alexandre Rastorgouïev et Orkhan Djemal», a déclaré le ministère des Affaires étrangères russes dans un communiqué.

«Leurs corps sont déjà parvenus à Bangui», selon cette même déclaration.

Les trois hommes morts «ont été retrouvés à 23 km de Sibut, ils ont été assassinés par des hommes armés non identifiés», avait déclaré auparavant une source judiciaire centrafricaine, précisant qu'ils auraient été tués à un barrage dressé sur une route. Leur chauffeur est porté disparu, selon des sources concordantes.

«Ils rentraient de Kaga Bandoro par la route», a précisé une source religieuse de Sibut.

«L'ambassade de Russie en Centrafrique n'a malheureusement pas été informée de la présence de journalistes russes dans le pays», indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que Moscou veut «déterminer les circonstances exactes de la mort des citoyens russes et organiser le retour de leurs corps dans leur pays.»

Les autorités fédérales russes ont également déclaré avoir lancé une enquête criminelle sur ces meurtres survenu dans un pays en proie à l'anarchie depuis plusieurs années.

Depuis début 2018, la Russie a déployé des formateurs militaires à Bangui, livré des armes à l'armée nationale et assure la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra, dont le conseiller à la sécurité est un Russe.

Moscou avait réussi à obtenir une exemption afin de vendre des armes au gouvernement centrafricain.

En décembre 2017, la Russie a ainsi livré un important stock d'armes, incluant des armes de poing, des fusils d'assaut, des mitrailleuses et des lance-roquettes. La Russie a également obtenu l'autorisation de l'ONU pour dispenser une formation militaire à deux bataillons - environ 1300 hommes - des Forces armées centrafricaines.

Neuf avions se sont posés à Bangui fin janvier et début février chargés d'armes et de munitions russes, qui ont été distribuées aux soldats centrafricains formés par l'Union européenne dans le cadre des efforts pour restaurer la stabilité dans le pays.

La livraison d'armes par la Russie à l'armée centrafricaine a déclenché une course à l'armement chez les rebelles de l'ancienne alliance pro-musulmane Séléka, qui se tournent vers les trafiquants au Soudan pour s'approvisionner, selon un rapport d'experts des Nations unies publié mardi.

«L'acquisition récente d'armements par le gouvernement a incité les factions ex-Séléka à opérer un réarmement actif», souligne le rapport, constatant un «durcissement des positions» de ces groupes.

Les groupes armés ont indiqué au groupe d'experts que puisque le gouvernement avait choisi l'option militaire (formation, réarmement et offensive) au lieu du processus politique, les groupes armés devaient se préparer», poursuit le document.

Officiellement, le programme russe vise à renforcer une armée en grande difficulté dans un pays où la majeure partie du territoire est contrôlé par des groupes armés.

Mais par cette mission, Moscou vise également à renforcer son influence dans un État stratégique, riche en ressources telles que les diamants, l'or, l'uranium et le bois.

La Russie a vainement tenté d'organiser début juillet une rencontre entre le gouvernement centrafricain et des groupes armés dans la capitale soudanaise Khartoum.