Le gouvernement sud-soudanais a présenté au Parlement une loi prolongeant de trois ans le mandat des autorités de transition, dont celui du président Salva Kiir, a-t-on appris mardi auprès d'un député, au moment où gouvernement et rebelles sont engagés dans des pourparlers de paix.

Une première mouture de ce texte a été adoptée lundi par les députés sud-soudanais. Le texte doit être examiné par une commission puis revenir au Parlement en seconde lecture d'ici à 30 jours, a précisé à l'AFP Gabriel Roricjur, leader de l'opposition au Parlement.

Le Soudan du Sud est depuis 2015, et la signature d'un accord de paix, dirigé par des autorités de transition, aussi bien au niveau de l'exécutif que du législatif.

Aux termes de cet accord, leur mandat expire en août 2018 et selon M. Roricjur, la prolongation du mandat des autorités de transition est nécessaire pour éviter un vide institutionnel.

« Nous pensons que la procédure est légale et que le gouvernement devrait avoir un nouveau mandat jusqu'à ce qu'un (nouvel) accord (de paix) soit signé », a déclaré M. Roricjur à l'AFP.

Mais les interprétations divergent à Juba sur ces amendements déposés par le ministre de la Justice.

Pour un député interrogé par l'AFP sous couvert de l'anonymat, ces amendements montrent que le gouvernement et le chef de l'État Salva Kiir «ne sont pas prêts à signer un accord de paix avec les rebelles».

De son côté, James Okuk, professeur de sciences politiques à l'université de Juba, y voit plutôt un moyen de pression du gouvernement sur les rebelles. « C'est un signal envoyé à l'opposition qui dit en substance : "Si vous n'accélérez pas dans la recherche d'un compromis en vue d'un accord de paix, nous irons de l'avant" ».

Le bloc régional est africain Igad a relancé des pourparlers de paix entre les deux principaux protagonistes de la guerre civile, le président Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar.

Les deux hommes se sont mis d'accord pour ordonner à leurs troupes un cessez-le-feu qui est entré en vigueur samedi. Les rebelles de M. Machar ont le jour même accusé les troupes gouvernementales d'avoir attaqué une de leur position, mais aucun des deux camps n'a pour le moment annoncé son retrait des pourparlers en cours.

L'Igad tente de convaincre les deux hommes de signer un nouvel accord de paix global en attendant l'organisation d'élections.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Le pays s'est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand M. Kiir a accusé M. Machar de fomenter un coup d'État. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.