Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) a appelé samedi à prendre des mesures contre les protagonistes du conflit au Soudan du Sud, qui « nous ont habitués à ne pas respecter leurs engagements ».

« La situation au Soudan du Sud est grave. Les situations humanitaire et sécuritaire sont des plus difficiles. Ces derniers jours nous avons quelques bonnes nouvelles que je mets entre guillemets malheureusement», a déclaré Moussa Faki lors d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA à Nouakchott, en prélude au sommet de l'UA dimanche et lundi.

«Les acteurs du Soudan du Sud nous ont habitués à ne pas respecter leurs engagements. Au moment où nous nous battons pour faire taire les armes, la situation au Soudan du Sud est des plus insupportables. La banalisation des crimes est devenue courante. Il est temps d'agir, de prendre nos responsabilités », a déclaré Moussa Faki.

Il a cité plusieurs accords sans lendemain dont le dernier conclu entre le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et son grand rival, Riek Machar, « il y a 72 heures » et dont il s'est demandé s'il n'avait pas déjà été rompu.

« Il faut lancer un message clair aux protagonistes de respecter leurs engagements. Le CPS doit prendre les mesures qui s'imposent », a t-il ajouté, précisant que l'Igad, une organisation régionale, et le CPS de l'UA s'étaient déjà prononcés en faveur de sanctions contre les belligérants.

Il a noté l'existence de « défis majeur » au Soudan du Sud, dont « la multiplicité des groupes armés non contrôlés et la nature clanique du confit, qui sont des éléments de complication ».

Salva Kiir et Riek Machar étaient convenus mercredi à Khartoum d'un cessez-le-feu « permanent » devant entrer en vigueur dans les 72 heures.

Depuis, les deux personnages clés de la guerre civile qui ravage le pays depuis 2013 avaient ordonné à leurs troupes respectives d'appliquer le cessez-le-feu à compter de samedi à minuit.

Cet accord avait été scellé à l'issue d'un nouveau round de discussions entre les deux principaux protagonistes dans la capitale soudanaise, Khartoum, alors que l'ONU leur avait donné jusqu'à fin juin pour parvenir à « un accord politique viable » sous peine de sanctions.

Le conflit, qui a éclaté en décembre 2013 en raison de rivalités entre Salva Kiir, un Dinka, et Riek Machar, issu de l'ethnie nuer, a fait des dizaines de milliers de morts, près de 4 millions de déplacés (sur une population de 12 millions d'habitants) et provoqué une crise humanitaire catastrophique.