L'homme fort de l'est libyen, Khalifa Haftar, a annoncé jeudi soir la «libération» de Derna, bastion des islamistes radicaux et seule ville de la région orientale qui échappait à son contrôle.

«Nous annonçons en toute fierté la libération de Derna, ville chère à tous les Libyens», a annoncé le maréchal Haftar dans un discours à la télévision, faisant état d'une «journée glorieuse».

Il a promis aux habitants de Derna «une nouvelle ère de liberté, de sécurité et de paix».

Plus tôt, un porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée et dirigée par M. Haftar, avait indiqué que «l'armée a pris d'assaut le dernier bastion de l'organisation al-Qaïda», dans le centre-ville.

La ville était sous le contrôle d'une coalition hétéroclite de milices islamistes et djihadistes hostiles à la fois à Haftar et au groupe État islamique (EI).

Le maréchal Haftar avait lancé le 7 mai une offensive pour «libérer» cette ville côtière de 150 000 habitants située à 1000 km à l'est de Tripoli et place forte historique des islamistes radicaux dans l'Est libyen.

Bête noire des islamistes, le maréchal Haftar soutient un gouvernement parallèle qui exerce son pouvoir dans l'Est libyen et qui conteste l'autorité du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli.

Il est accusé par ses détracteurs de vouloir se débarrasser de ses adversaires en les qualifiant de terroristes, en vue de prendre le pouvoir et d'instaurer une dictature militaire en Libye.

Dans son discours, M. Haftar s'est félicité des «victoires écrasantes successives», en allusion à Derna et la reconquête la semaine dernière du Croissant pétrolier, poumon de l'économie situé dans le nord-est du pays.

«Reconnaissance»

Ces sites pétroliers étaient sous le contrôle de l'ANL depuis septembre 2016, avant qu'un groupe rival n'attaque le 14 juin les terminaux de Ras Lanouf et d'al-Sedra, deux principaux sites par lesquels le pétrole libyen est acheminé vers l'étranger.

Après avoir repris le contrôle de cette région une semaine plus tard, Haftar a annoncé la remise de toutes les installations sous le contrôle de son «armée» à la Compagnie du pétrole du gouvernement parallèle basé dans l'est.

Jusque là, les sites pétroliers étaient gérés par la Compagnie nationale de pétrole (NOC) basée à Tripoli, responsable aussi des exportations conformément à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

La décision de Haftar a été rejetée mercredi par plusieurs pays occidentaux et l'ONU, qui ont exigé que la gestion des installations pétrolières passées sous le contrôle des autorités parallèles revienne exclusivement à la NOC basée à Tripoli.

Le camp de Haftar estime toutefois que l'argent du pétrole géré par les autorités a servi au financement de milices et «groupes terroristes», dont certains ont participé aux attaques contre le croissant pétrolier.

Le maréchal Haftar a estimé jeudi soir que «le monde doit exprimer ses remerciements et sa reconnaissance» à ses hommes «qui le protègent du terrorisme».

«Au lieu de cela, elle (l'ONU) impose un embargo sur les armes à nos forces et ferme par contre les yeux, sur le soutien financier et en armes fournies aux terroristes», a-t-il dit.

L'ONU impose depuis 2011 un embargo sur les armes en Libye, mais les principaux protagonistes du conflit contournent régulièrement l'interdiction