Pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie, des policiers et militaires peuvent se rendre dimanche dans un bureau de vote pour mettre leur bulletin dans l'urne, à l'occasion du premier scrutin municipal depuis la révolution de 2011.

L'Istance indépendante pour les élections a annoncé sur twitter un taux de participation particulièrement bas, de 12% des inscrits, après une journée de vote marquée par des appels au boycott.

Au centre de Tunis, un policier venu voter pour la première fois dans sa carrière ne cache pas sa joie en sortant de l'isoloir.

«C'est une journée historique! Finalement nous sommes considérés comme les autres citoyens», confie cet homme qui a préféré garder l'anonymat.

Sous la dictature en Tunisie, les autorités interdisaient aux policiers et militaires de voter en estimant qu'ils devaient maintenir un devoir de réserve strict et rester complètement à l'écart de la vie politique.

Mais après la révolution de 2011 qui vu l'émergence de syndicats chez les policiers - interdits jusqu'alors - ces derniers ont réclamé le droit de vote.

La nouvelle loi électorale autorise désormais le vote des forces de sécurité et de l'armée uniquement aux municipales, un scrutin qui doit permettre de consolider la transition démocratique dans l'unique pays rescapé du Printemps arabe.

«C'est un acquis historique pour la Tunisie», se réjouit Seifallah Hichri, président de l'association «Afek pour les agents de sécurité de l'Intérieur et de la douane» qui contrôle le déroulement de ce vote grâce au soutien de l'ONG pour la transparence I Watch.

Les policiers et militaires votent dimanche alors que le reste de Tunisiens se rendront aux urnes le 6 mai.

«Droit tronqué» 

Policiers et militaires ne peuvent pas participer aux campagnes électorales ni assister aux meetings publics, regrette toutefois M. Hichri.

«Ce droit est tronqué, vu le nombre des restrictions imposées», a jugé de son côté Moez Dabbabi, vice-président de l'association Afek.

Quelque 36 055 militaires et agents sécuritaires sont inscrits, a indiqué Mehdi Jalouali, responsable à l'Instance chargée des élections (ISIE). Le nombre total des forces armées et sécuritaires ne peut pas être dévoilé en Tunisie, a-t-il ajouté.

Par mesure de sécurité, l'ISIE a décidé de ne pas afficher le registre de ces électeurs, de ne pas leur faire utiliser l'encre et de ne pas leur permettre de participer au dépouillement.

Certains syndicats de police ont appelé à participer en masse à ce vote, mais d'autres ont appelé au boycott.

«L'institution sécuritaire est à la disposition du peuple et il faut qu'elle soit neutre, avec ce vote elle ne le sera pas», a déclaré à un média tunisien Chokri Hamada, porte-parole du Syndicat national des forces sécuritaires de l'Intérieur.

Depuis la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités sont gérées par de simples délégations chargées des affaires courantes, ce qui a affecté sensiblement le quotidien des Tunisiens.