Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a mis en garde les médias jeudi contre la publication d'informations jugées diffamatoires vis-à-vis de l'armée, en les qualifiant de «haute trahison» en pleine campagne antidjihadiste dans le Sinaï.

Ces déclarations de M. Sissi, lors d'une cérémonie pour l'inauguration la Nouvelle ville d'El Alamein, dans le nord-ouest de l'Égypte, interviennent au moment où les autorités fustigent la couverture des médias étrangers et locaux sur le Sinaï.

Mais M. Sissi a reconnu que les autorités devraient autoriser les médias à se rendre davantage sur le front pour voir «comment (les policiers et soldats) meurent».

«Ce n'est pas convenable qu'ils soient diffamés et nous ne le permettrons pas», a-t-il dit dans un discours retransmis à la télévision. «J'espère que les médias vont nous aider à faire cela, sans que je répète ma demande», a-t-il ajouté.

«Les diffamations seront traduites en justice. Cela constitue, pour moi, une haute trahison», a dit le président.

L'accès des journalistes aux zones de combat dans le Sinaï, où une vaste opération anti-djihadiste a été lancée le 9 février pour tenter de déloger notamment la branche locale du groupe État islamique (EI), a été restreint.

L'armée a annoncé avoir tué des dizaines de djihadistes au cours de cette opération et au moins sept soldats ont été tués.

Le président n'a fait référence à aucun média en particulier dans ses déclarations jeudi, mais elles interviennent peu après qu'Amnistie internationale a affirmé que l'armée égyptienne utilisait des bombes à fragmentation dans le Sinaï.

Certains médias ont également affirmé que l'opération causait des pénuries alimentaires dans la partie nord de la péninsule où se déroulent les opérations et que des résidents ont été touchés par des frappes de l'armée.

Un responsable militaire a dit à l'AFP que l'armée a ravitaillé les habitants.

«Les opérations sur place sont en cours. Nous détruisons les infrastructures des éléments terroristes et nous les ciblons dans des zones habitées sans toucher les civils», a ajouté le responsable.

L'AFP n'a pas pu vérifier les pertes civiles dans le Sinaï, et les responsables égyptiens affirment que les opérations se concentrent sur des cachettes de l'EI loin des zones résidentielles.