Avec 800 soldats américains et une importante base de drones déployés sur son territoire, le Niger constitue le point de débarquement des forces des États-Unis pour lutter contre les groupes armés islamistes en Afrique de l'Ouest.

L'embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats américains début octobre a révélé l'ampleur de cette présence militaire et provoqué une polémique aux États-Unis, conduisant l'armée à dévoiler des chiffres et à justifier son engagement.

Le chef d'état-major des armées américaines, le général Joe Dunford, a ainsi révélé que c'était le Niger qui abritait actuellement la plus importante force américaine en Afrique.

Au total 6000 soldats américains sont déployés sur le continent africain - mais une large partie d'entre eux gardent les ambassades.

Ce sont surtout les forces spéciales qui sont actives contre les groupes jihadistes. Les effectifs de ces troupes d'élite (qui proviennent de divers corps de l'armée américaine) sont montés à 1300 hommes en 2017, contre 450 en 2012.

Le choix du Niger se justifie d'abord sur le plan géostratégique. «Le Niger est proche de deux grandes menaces, Boko Haram et Al-Qaïda au Maghreb islamique» (Aqmi), explique une source sécuritaire de la région.

Les jihadistes nigérians de Boko Haram et Aqmi, dont les cellules opèrent sur toute la zone sahélienne, sont en effet les deux groupes les plus actifs en Afrique de l'Ouest.

De plus «les États-Unis ont des accords politiques avec le Niger», souligne cette source. Le Niger a permis la construction d'une importante base américaine de drones à Agadez, dans le centre du pays, dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars, et qui donne aux États-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan.

Les Américains ont de leur côté «formé et équipé» un bataillon de l'armée nigérienne, et «ils font beaucoup de missions conjointes», selon la source sécuritaire.

Davantage d'actions militaires

Autre atout, le Niger est perçu comme un pays relativement stable politiquement, comparé à ses voisins, précise la source.

Frontalier de la Libye au nord, du Nigeria au sud, du Mali à l'ouest, le Niger, dont le territoire est pour l'essentiel désertique, est au coeur de nombreux trafics en Afrique de l'Ouest : drogues, armes, migrants clandestins, marchandises de toute sorte.

Or «les réseaux terroristes se financent avec les trafics», relève une source militaire française. Lutter contre ces trafics permet d'assécher les sources de financement des groupes jihadistes.

Le général Dunford a indiqué lundi que les États-Unis allaient encore renforcer leur présence, car «l'Afrique est l'un des endroits où nous savons que l'ISIS (le groupe État islamique) espère renforcer sa présence».

Selon l'armée américaine, l'embuscade où les quatre soldats américains sont morts a été perpétrée par un groupe lié à l'État islamique.

Le déploiement américain au Niger apparaît complémentaire de celui des forces françaises projetées au Sahel pour l'opération anti-djihadistes Barkhane.

Quelque 4000 militaires français sont déployés dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, principalement au Tchad et au Mali. L'armée américaine apporte notamment une aide en matière de renseignement à l'armée française.

Les Américains semblent s'engager vers davantage d'actions militaires, selon les propos du général Dunford et ceux tenus par le sénateur républicain Lindsey Graham vendredi.

«Nous allons assister à davantage d'actions en Afrique», avait déclaré ce dernier à la presse à la sortie d'un entretien avec le secrétaire américain à la Défense James Mattis.