Encore traumatisées par les centaines de morts après les inondations et les glissements de terrain qui ont touché dimanche soir Freetown, les autorités sierra-léonaises redoublaient d'efforts mercredi pour retrouver quelque 600 personnes toujours portées disparues dans la capitale.

Cette catastrophe, une des pires de l'histoire du pays, causée par trois jours pluies torrentielles, a fait plus de 300 morts à Freetown dans la nuit de dimanche à lundi, selon la Croix-Rouge locale. Des responsables à la morgue centrale de la capitale sierra-léonaise ont de leur côté évoqué le chiffre de 400 morts.

Et quelque 600 personnes sont toujours portées disparues, selon la Croix-Rouge, les glissements de terrain spectaculaires survenus à Freetown ayant surpris de nombreux habitants dans leur sommeil.

Des opérations de secours pour tenter de retrouver ces victimes se poursuivaient mercredi. Les survivants quant à eux sont confrontés à des conditions difficiles, a expliqué à l'AFP Adele Fox, coordinatrice santé pour l'ONG Concern Worldwide.

«Il y a un besoin en nourriture, en eau, en équipements sanitaires et en aide médicale. Comme nous sommes toujours en saison des pluies, d'autres inondations sont encore possibles», a-t-elle averti.

Située en bordure de mer, Freetown - surpeuplée avec environ 1,2 million d'habitants - est frappée chaque année par des inondations qui entraînent leur lot de maladies: dysenteries et choléra notamment.

Face à l'ampleur des destructions, le choc et la tristesse ont commencé à faire place à la colère parmi des habitants de Freetown. «Il y a de la frustration par rapport à la régularité des inondations et des destructions pendant la saison des pluies», a relevé Mme Fox.

Timide aide internationale

Un premier transport d'aide d'urgence est parti d'Israël et le Royaume uni a également proposé son soutien à son ancienne colonie, indépendante depuis 1961.

«Nous sommes débordés» par ce désastre, a déclaré, très ému, le chef de l'État, Ernest Bai Koroma, mardi lors d'une visite dans le quartier de Regent dans la capitale sierra-léonaise, un des plus touchés par la catastrophe.

Petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest et un des plus pauvres au monde, la Sierra Leone, a un «besoin urgent d'aide», a-t-il lancé mardi.

Les autorités ont ouvert un centre d'accueil à Freetown pour venir en aide à plus de 3000 habitants désormais sans abris du quartier de Regent, où tout un pan de colline s'est effondré, emportant les habitations.

À New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que «les représentants de l'ONU en Sierra Leone et (ses) partenaires humanitaires mènent des missions d'évaluation».

«Ils aident les autorités nationales dans les opérations de secours, à évacuer les habitants, à fournir de l'aide médicale pour les blessés, à recenser les survivants, et à fournir de la nourriture, de l'eau et des effets de première nécessité aux victimes», a-t-il ajouté.

Victimes d'Ebola

Environ 150 personnes ont déjà été enterrées mardi soir à Freetown, durement touchée par le deuil, selon un responsable du conseil municipal de la capitale, Sulaiman Zaino Parker.

De nombreuses autres victimes doivent être inhumées dans la localité proche de Waterloo aux côtés des tombes de personnes décédées pendant l'épidémie du virus Ebola, au cours de laquelle 4000 personnes avaient succombé dans le pays en 2014 et 2015.

«Nous avons commencé à inhumer une partie des corps mutilés ou en décomposition. Toutes les victimes auront droit à un enterrement digne selon les rites musulmans et chrétiens, a expliqué M. Parker.

Mardi, le président de la Guinée voisine et chef de l'Union Africaine (UA), Alpha Condé, a effectué une visite à Freetown.

«À cette occasion, il a invité à la mobilisation des pays de l'Union du fleuve Mano (Côte d'Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Guinée), de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine, des Nations Unies pour venir en aide à ce pays frère», a déclaré mercredi à l'AFP le ministre d'État et secrétaire général de la présidence de la République, Naby Youssouf Kiridi Bangoura.

«Il a profité de l'occasion pour remettre une enveloppe symbolique au nom de la Guinée en guise d'aide au président Koroma», a-t-il ajouté.

Dans un message à l'archevêque de Freetown, Charles Edward Tamba, le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, a fait part de la «solidarité» du pape François, «profondément attristé» par la catastrophe.