Un célèbre rappeur tanzanien, Emmanuel Elibariki, connu sous le nom de Nay wa Mitego, a été libéré lundi sur ordre du gouvernement au lendemain de son arrestation pour «insulte au chef de l'État», ont rapporté les médias locaux.

«Oui, il est libre sous caution», a indiqué lundi au journal Mwananchi le chef de la police de Dar es Salaam, Simon Sirro.

Après son arrestation dimanche à l'aube à Morogoro, à quelque 200 km à l'ouest de la capitale économique du pays, le chanteur avait été transféré dans la journée à Dar es Salaam.

«Merci à tous ceux qui se sont levés, pour me soutenir, pour soutenir les droits», a déclaré le rappeur dont les propos ont été relayés sur les réseaux sociaux, montrant également une photo du chanteur embrassant ses admirateurs et ses proches à sa sortie du commissariat.

Sa remise en liberté a été ordonnée lundi matin par le nouveau ministre de l'Information Harrison Mwakyembe, précisant qu'il s'agissait de la volonté du président John Magufuli lui-même.

Plus tôt dans la journée, l'Union des artistes tanzaniens (BASATA) venait d'interdire la diffusion sur les radios et télévisions locales de la chanson Wapo qui avait valu au chanteur d'être arrêté.

Photo tirée de Twitter

Nay wa Mitego lors de sa libération.

«Cette chanson, le président l'aime beaucoup et il demande que Nay wa Mitego soit libéré et poursuive ses activités. Il y a cependant lieu d'améliorer la chanson en y ajoutant les coupables de fraude fiscale, les consommateurs de drogue» en plus de ceux déjà visés par le rappeur, a déclaré le ministre Mwakyembe aux journalistes.

Le président a également levé l'interdiction de diffusion de la chanson.

Dans son nouveau morceau sorti la semaine dernière, Emmanuel Elibariki interpelait à mots couverts et en swahili le président Magufuli: «Qui êtes-vous maintenant? Ne voulez-vous pas entendre de conseil? Ne voulez-vous pas être critiqué?», s'adressant à une personne qu'il surnomme «le docteur spécialiste de la crevaison des abcès».

Cette expression est régulièrement utilisée par John Magufuli pour rappeler aux Tanzaniens qu'il n'hésitera jamais à «crever les abcès», autrement dit limoger ceux qui ne mettent pas en oeuvre sa politique ou n'obéissent pas à ses ordres.

Surnommé «tingatinga», «bulldozer» en swahili, le président Magufuli a marqué les esprits depuis son élection en octobre 2015, déployant un style inhabituellement direct, voire abrupt, dans son exercice du pouvoir. Au point que ses détracteurs le qualifient désormais d'autoritaire et de populiste.