Six travailleurs humanitaires ont été tués dans une embuscade au Soudan du Sud, a annoncé dimanche l'ONU, l'attaque la plus meurtrière à toucher des humanitaires depuis le début de la guerre civile il y a plus de 3 ans dans ce pays frappé par la famine.

«Je suis horrifié et indigné par le meurtre odieux hier (samedi) au Soudan du Sud de six humanitaires courageux», a déclaré dans un communiqué Eugene Owusu, du Bureau pour la coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Le communiqué ne précise pas à quelle organisation appartenaient les victimes, ni leur nationalité.

De son côté, une source humanitaire travaillant dans le pays a affirmé à l'AFP que les victimes étaient trois Kényans et trois Sud-Soudanais travaillant pour une ONG locale, et qui se déplaçaient de Juba vers Pibor dans un convoi de plusieurs véhicules.

Leur voiture tout terrain a été stoppée sur la route par des individus non identifiés, et «ils ont été extraits de leur véhicule et tués par balle», selon cette source s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Selon David Shearer, représentant spécial au Soudan du Sud du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, l'attaque a eu lieu dans une zone contrôlée par le gouvernement. M. Shearer a exhorté les autorités sud-soudanaises à «enquêter et à arrêter les tueurs».

«Ce meurtre de sang-froid est absolument condamnable, en particulier parce que ces travailleurs humanitaires étaient dévoués à soulager la souffrance actuelle de la population du Soudan du Sud», a-t-il souligné dans un communiqué.

Des dizaines d'humanitaires tués



Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile dévastatrice, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déplacé environ 2,5 millions d'autres (soit environ un tiers de la population), et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Le 20 février, la famine a été déclarée dans certaines parties du nord du pays.

Quelque 100 000 personnes souffrent actuellement de la famine - qui menacent un million d'autres - au Soudan du Sud, une conséquence de la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013.

Selon l'ONU, 6,2 millions de Sud-soudanais ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, soit la moitié de la population.

Cette guerre civile oppose les partisans du président Sakva Kiir (de l'ethnie dinka), à ceux de son rival, l'ex vice-président Riek Machar.

Les autorités empêchent les humanitaires d'accéder à certaines zones, principalement celles tenues par l'opposition, peuplées en majorité de Nuers.

Le 20 février, la famine a été déclarée dans certaines parties du nord du pays.

L'embuscade de samedi est survenue après deux autres attaques d'humanitaires depuis le début du mois.

Un travailleur du secteur de la santé et un patient ont été tués dans l'attaque d'un convoi le 14 mars dans le centre, dans la ville de Yirol touchée par une épidémie de choléra.

Le 10 du mois, lors de combats à Mayendit, dans le nord, des personnels locaux d'une ONG internationale avaient été enlevés par des rebelles et relâchés quatre jours plus tard, selon l'Ocha.

Ouverture de «corridors humanitaires» 

Le Soudan a annoncé qu'il allait ouvrir des «corridors humanitaires» pour acheminer de l'aide alimentaire à des milliers de personnes au Soudan du Sud, frappé par la famine.

Le gouvernement du Soudan du Sud a déclaré en février l'état de famine dans plusieurs zones du pays. Plus de 100 000 personnes sont touchées, selon des organisations liées à l'ONU.

«Le gouvernement soudanais a donné son accord pour ouvrir des corridors humanitaires aux personnes affectées par la famine dans l'Unité et Bahr al-Ghazal», deux États du Soudan du Sud, a indiqué dans un communiqué la commission soudanaise pour l'aide humanitaire.

Ce couloir sera utilisé pour acheminer l'aide de la ville d'El Obeid, dans le centre du Soudan, à celle de Bentiu, dans l'État de l'Unité, a dit la commission, précisant que la présidence soudanaise avait ordonné la livraison de 10 000 tonnes de sorgho à travers ce corridor.

Les Nations unies ont salué la décision du gouvernement soudanais, soulignant que cela illustrait «l'engagement» de Khartoum à aider le peuple du Soudan du Sud.

Le président soudanais Omar el-Béchir avait ordonné en février aux autorités de faciliter la distribution de l'aide aux victimes de la faim dans le pays voisin.

Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12 000 Casques bleus.

Plus de 300 000 Sud-Soudanais ont trouvé refuge au Soudan depuis le début de la guerre, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Les organisations humanitaires ont déploré une famine «causée par l'homme», les combats ayant obligé nombre de Sud-soudanais à fuir leur foyer et fait chuter la production agricole.