Les réseaux sociaux, les émissions-débats de la télévision publique et les quotidiens se sont enflammés en Égypte dans la foulée de révélations selon lesquelles le président du Parlement et ses deux adjoints ont utilisé des centaines de milliers de dollars en fonds publics pour se procurer des voitures de luxe.

La colère de la population est d'autant plus vive que ses dirigeants lui demandent constamment de se serrer la ceinture pour traverser la pire crise économique à frapper le pays en plusieurs décennies.

Le scandale survient aussi très peu de temps après que le président Abdel-Fattah el-Sissi eut prévenu que l'Égypte est «pauvre, très, très pauvre».

Le pays est encore sous le choc de mesures d'austérité qui ont fait exploser les prix et qui compliquent la survie au quotidien de millions d'Égyptiens. Même la popularité dont jouit le président el-Sissi depuis qu'il a évincé le président islamiste Mohamed Morsi en 2013 semble commencer à s'effriter.

Le tiers des 92 millions d'habitants du pays disposent de moins de 1,90 $ US par jour pour subvenir à leurs besoins, soit le seuil de pauvreté tracé par l'ONU. L'inflation de base a bondi à environ 26 pour cent en décembre.

Un député qui avait questionné publiquement l'achat des voitures par le président Ali Abdel-Al et ses deux adjoints, Mohammed Anouar el-Sadat, aurait été envoyé devant un comité parlementaire de discipline, ce qui a attisé encore davantage la fureur populaire.

La voiture du président aurait coûté plus de 425 000 $ US, et celles de ses adjoints environ 300 000 $ US chacune. Le Parlement a expliqué par voie de communiqué que les politiciens avaient besoin de véhicules blindés pour des raisons de sécurité, d'où la facture élevée.