Le président José Eduardo dos Santos, l'un des plus anciens dirigeants africains, a décidé de mettre un terme à son règne sans partage de 37 ans à la tête de l'Angola en ne sollicitant pas de nouveau mandat pour  les élections générales de l'an prochain.

À l'issue d'une réunion vendredi à Luanda du comité central du parti au pouvoir, la radio nationale a annoncé, citant des sources internes au parti, que le chef de l'État ne se représenterait pas en 2017.

Arrivé au pouvoir en 1979, M. dos Santos était devancé d'un mois seulement, pour le titre de doyen des présidents africains, par l'actuel président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema.

Il devrait être remplacé à la tête du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) par son ministre de la Défense et actuel vice-président du parti, Joao Lourenço, a précisé la radio nationale.

Ancien général, M. Lourenço est né en 1954 et détient le portefeuille des armées depuis deux ans.

La Constitution angolaise ne prévoit pas de scrutin présidentiel, mais précise que le poste de chef de l'État revient au chef du parti qui remporte les législatives.

Le MPLA n'a pas mentionné la retraite de M. dos Santos dans son communiqué final vendredi. Mais un membre du comité central du parti, Joao Pinto, l'a confirmée à l'AFP.

« Le président José Eduardo dos Santos ne sera pas candidat, il a déjà un successeur », a déclaré M. Pinto, précisant que le nom de M. Lourenço serait officiellement dévoilé lors du 60e anniversaire du parti le 10 décembre.

M. dos Santos, 74 ans, a officiellement lancé vendredi la campagne de son parti pour les élections de 2017 dans un discours devant le comité central du MPLA, mais il s'est gardé de mentionner sa situation personnelle.

« Notre objectif est de gagner les élections avec la majorité absolue ou, au minimum, une majorité qualifiée », a-t-il lancé. « La clé de ce succès sera la discipline et l'union de tous. »

Le chef de l'État avait semé le trouble en affirmant en mars qu'il quitterait le pouvoir en 2018, un an après les prochaines élections. Il avait toutefois été réélu à la tête du parti en août.

Poigne de fer

Depuis des mois, l'Angola bruisse de rumeurs sur l'état de santé du président, suggérant qu'il est prêt à passer la main.

M. dos Santos est « malade depuis longtemps. Officiellement, ce n'est pas le cas, mais c'est un secret de polichinelle », a déclaré à l'AFP Didier Péclard, spécialiste de l'Angola à l'université de Genève.

Le MPLA est arrivé au pouvoir en 1975 lorsque l'Angola a acquis son indépendance du Portugal. M. dos Santos a pris les rênes du pays quatre ans plus tard après la mort du chef historique du parti, Agostinho Neto.

En 37 ans, il a imposé son autorité sur le pays en prenant le contrôle de tous les organes d'État, de l'économie et en réprimant régulièrement l'opposition.

Le rappeur et opposant Luaty Beirao, condamné en mars 2016 à cinq ans de prison avant d'être libéré et amnistié, s'est déclaré « très satisfait » du départ annoncé du président.

« L'Angola est l'otage de ses décisions et de ses caprices et heureusement, il a décidé de lui-même que cela suffisait », a-t-il déclaré à l'agence de presse portugaise Lusa.

« Laisser la présidence du parti ne suffit pas, il faut aussi qu'il quitte le pouvoir tout de suite », a déclaré à l'AFP une autre opposante, Rosa Conde. « Trente-sept ans, c'est trop », a-t-elle insisté.

Selon Sehlare Makgetlaneng, chercheur indépendant, le départ de M. dos Santos ne devrait cependant pas révolutionner le pays.

« Ils (le MPLA) ont trouvé une personne qui va perpétuer le statu quo », a-t-il commenté à l'AFP. « Je ne pense pas que c'est un développement d'importance stratégique pour la politique angolaise », a insisté l'expert.

Comme un symbole de sa mainmise sur le pays, M. dos Santos a nommé en juin sa propre fille Isabel, considérée comme la femme la plus riche d'Afrique, à la tête de la Sonangol, la société nationale d'hydrocarbures, principale ressource du pays.

M. dos Santos est crédité d'avoir sorti le pays de la guerre civile qui l'a ensanglantée jusqu'en 2002, mais il a échoué à le sortir de sa pauvreté extrême, malgré son statut de plus important producteur d'or noir d'Afrique subsaharienne, en compagnie du Nigeria.

Depuis deux ans, l'Angola est plongé dans une grave crise économique provoquée par la chute des cours de l'or noir.