Des centaines de Zimbabwéens faisaient la queue jeudi devant les banques, a constaté un journaliste de l'AFP, après que le gouvernement eut de nouveau plafonné les retraits de liquide et annoncé l'impression de billets à parité avec le dollar américain pour pallier le manque de liquidités.

En 2009, le gouvernement avait abandonné la devise nationale au profit du dollar américain et du rand sud-africain, en raison de l'inflation inouïe - jusqu'à 231 millions % - qui avait rendu le dollar zimbabwéen inutilisable.

Mais une pénurie en devises étrangères a conduit le gouverneur de la Banque centrale, John Mangudya, à annoncer mercredi une série de mesures, notamment la limitation des retraits d'argent à 1000 $ (1288 $ CAN) ou 20 000 rands sud-africains.

John Mangudya a aussi décidé que la Banque centrale allait introduire des «billets d'obligation», qui «sont actuellement au stade de la conception» et avec lesquels les Zimbabwéens pourront effectuer des achats.

Des «pièces d'obligations» avaient déjà été introduites en 2014 pour les petits échanges au Zimbabwe.

Les nouveaux billets se présenteront sous forme de coupures de 2, 5, 10 et 20 dont la valeur sera indexée sur le dollar américain.

Ils seront financés à hauteur de 200 millions de dollars par la banque Afreximbank (Africa Export-Import Bank).

Malgré les apparences, M. Mangudya a affirmé qu'il ne s'agissait pas de la «réintroduction de la monnaie zimbabwéenne».

«Les fondamentaux ne sont pas en place pour son retour. C'est juste une mesure pour juguler les flux illicites qui quittent le pays», alors que la balance commerciale a enregistré un déficit de 323 millions de dollars au premier trimestre.

En plus des limites imposées au retrait, le montant d'argent susceptible de sortir du pays a été réduit de 5000 (6442 $ CAN) à 1000 $.

Dans les files d'attente jeudi, les citoyens s'impatientaient.

«Je suis censée être au travail, mais je fais la queue depuis hier» pour obtenir du liquide, a expliqué à l'AFP Monique Fore, 39 ans, agente comptable dans une école de Harare.

«J'ai besoin de payer le loyer, les frais de scolarité de mes enfants et je dois rembourser les dettes que j'ai contractées auprès de gens. J'ai utilisé le peu d'argent que j'ai à la maison pour le bus. Si je n'ai pas d'argent aujourd'hui, je vais devoir rentrer à pied», a témoigné de son côté Shadreck Mafukeni, un charpentier de 57 ans.

Dans certains cas, des banques limitaient aussi le montant des retraits à 200 $, bien en dessous de la limite fixée par le gouvernement.

Le Zimbabwe s'est enfoncé au tournant du siècle dans une terrible crise économique dont il ne s'est jamais remis. Le pays est contraint d'importer des produits de base, comme l'huile et le savon.