L'armée éthiopienne a pénétré en territoire sud-soudanais pour rechercher les enfants enlevés en fin de semaine dernière sur son sol par des hommes armés venus du Soudan du Sud, a indiqué mercredi le ministre éthiopien de la Communication, Getachew Reda.

«L'armée a conduit des missions de reconnaissance au Soudan du Sud et a une idée claire de l'endroit où sont les enfants», a déclaré à l'AFP M. Reda, qui est aussi le porte-parole du gouvernement éthiopien.

«Nous avons demandé l'accord du gouvernement du Soudan du Sud pour conduire ces opérations», a-t-il ajouté.

Le gouvernement éthiopien avait déjà fait savoir que son armée était partie à la poursuite des assaillants. Mais il n'avait encore jamais confirmé que ses troupes avaient passé la frontière et opéraient du côté sud-soudanais.

Selon la radio éthiopienne Fana, l'armée éthiopienne aurait même déjà encerclé l'endroit où sont détenus les enfants et aurait lancé une opération pour les libérer. M. Reda n'a pas été en mesure de confirmer ces informations.

Au moins 208 personnes ont été tuées et 102 enfants enlevés, selon le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, lorsque des hommes armés de la tribu Murle venus du Soudan du Sud ont lancé le 15 avril un assaut près de la ville de Gambella, dans l'ouest de l'Éthiopie.

Les assaillants armés de kalachnikov ont tué tous ceux qui ont opposé une résistance, selon des témoignages recueillis sur place. Ils ont aussi volé plus de 2000 têtes de bétail, selon le gouvernement éthiopien.

Le raid, qualifié de «massacre de Gambella», a suscité une vague d'indignation dans les médias éthiopiens et renforcé les craintes d'un débordement sur le territoire éthiopien de la guerre civile déclenchée en décembre 2013 au Soudan du Sud.

La région de Gambella, à 50 km de la frontière sud-soudanaise, abrite des Éthiopiens d'ethnie nuer - une des deux principales ethnies au Soudan du Sud avec les Dinka -, mais aussi 272 000 réfugiés sud-soudanais qui ont fui la guerre dans leur pays.

Les affrontements intertribaux sont fréquents dans les régions alentours, où Murle - essentiellement basés dans l'État oriental du Jonglei au Soudan du Sud - et Nuer se livrent au vol de bétail.

Lors d'un des raids les plus meurtriers, fin 2011, plus de 600 personnes avaient été massacrées dans le Jonglei après une attaque menée par quelque 6000 jeunes Nuer contre leurs rivaux Murle.