Le président zimbabwéen Robert Mugabe a annoncé sa volonté de nationaliser les mines de diamant pour permettre au pays de profiter pleinement de ces ressources actuellement principalement exploitées par des compagnies étrangères.

«Nous n'avons pas reçu beaucoup d'argent de l'industrie diamantifère», a déclaré M. Mugabe dans une interview-fleuve de plus de deux heures jeudi soir, à la télévision nationale zimbabwéenne.

«Nous avons décidé que ce secteur devait être un monopole que seul l'État est autorisé à exploiter», a-t-il poursuivi.

Cette décision devrait changer le paysage de l'industrie diamantifère au Zimbabwe: sur six compagnies qui exploitent les mines, quatre sont détenues par des investisseurs privés étrangers - deux Chinois, un Ghanéen et une entreprise de Dubaï -, toutes en coentreprise avec le gouvernement.

Une entreprise locale est à la tête d'une autre mine, tandis que la sixième est déjà exploitée par l'État.

L'an dernier, le Zimbabwe avait fait part de sa volonté de fusionner les six entreprises extrayant des diamants autour de la zone de Marange (est) au sein d'une seule entité publique, la Zimbabwe Consolidated Diamond Company.

Et le mois dernier, le ministre zimbabwéen des Mines, Walter Chidhakwa, avait annoncé la décision du gouvernement de prendre le contrôle de deux mines de diamant dont les permis d'exploitation avaient expiré.

«Il y a de la contrebande et des escroqueries, et les entreprises qui exploitent les diamants nous volent nos richesses. Notre peuple n'en tire rien», a affirmé jeudi Robert Mugabe.

«Vous ne pouvez pas juste décider de prendre le contrôle, comme ça. Cela rend le Zimbabwe moins attractif pour les investisseurs», a réagi Prosper Chitambara, économiste au sein de l'Institut de recherche sur le travail et le développement économique du Zimbabwe.

«Le modèle idéal serait de créer une co-entreprise entre le gouvernement et le secteur privé», a-t-il ajouté à l'AFP.

Le gouvernement compte sur cette industrie pour redresser l'économie moribonde du pays, prisonnière d'une faible croissance, d'un chômage de masse et d'un manque de trésorerie budgétaire.

«Les bénéfices ne devraient pas augmenter après cette décision. Ce dont on a besoin c'est d'institutions fortes qui assurent la transparence dans tout le secteur du diamant», estime Prosper Chitambara.

La production de diamants au Zimbabwe, un des dix plus gros producteurs mondiaux, a chuté de 660 000 carats à 420 000 carats sur les cinq premiers mois de l'année 2015, par rapport à la même période en 2014, selon l'agence Bloomberg.