Au moins quatre personnes ont été tuées par balles mardi à Kaduna, dans le nord du Nigeria, lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants chiites qui demandaient la libération du chef de leur mouvement, selon des habitants et le porte-parole du mouvement.

Les policiers ont ouvert le feu et tiré des grenades lacrymogènes sur les militants du Mouvement islamique du Nigeria (IMN), pro-iranien, qui défilaient pour demander la libération du cheikh, Ibrahim Zakzaky.

De violents affrontements ont opposé l'armée nigériane et les fidèles de l'IMN ce week-end à Zaria (80 km au sud de Kaduna). Ces affrontements ont fait un nombre indéterminé de victimes.

Le cheikh Zakzaky a été gravement blessé par balle et arrêté par l'armée dimanche.

À Kaduna mardi, «des policiers armés ont pris en embuscade les manifestants, ils ont tiré des grenades lacrymogènes avant d'ouvrir le feu, tuant quatre personnes et en blessant 25», a déclaré le porte-parole de l'IMN, Ibrahim Musa.

«La marche a continué» quand même», a-t-il ajouté.

Les habitants du quartier ont dû fuir leurs maisons.

«La police tirait dans tout le quartier, des balles et des gaz lacrymogènes contre les chiites qui brandissaient des portraits de Zakzaky et demandaient sa libération», a témoigné une habitante, Rukayya Rabiu.

«J'ai vu des gens touchés par balle emmenés par les chiites alors que je m'enfuyais», a-t-elle dit.

Un autre habitant, Isa Babangida, a donné un récit similaire.

D'autres manifestations de militants chiites se sont déroulées sans incident dans plusieurs localités de l'État de Kaduna mardi.

L'armée a attaqué samedi et dimanche les militants de l'IMN à Zaria, détruisant une mosquée et la maison du cheikh Zakzaky, défendue par des centaines de fidèles. Le bilan des victimes est inconnu mais les soldats ont évacué lundi des corps «par camion», selon des témoignages.

L'armée a accusé les fidèles chiites d'avoir «tenté d'assassiner» le chef d'état-major, dont le convoi était bloqué par une procession samedi.

La commission nationale des droits de l'homme a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête sur ces événements.

Amnesty International a appelé à une «enquête impartiale», et a demandé que les éventuels auteurs d'«exécutions extrajudiciaires» soient traduits en justice.