Trente candidats s'affronteront au premier tour de la présidentielle en Centrafrique prévu le 27 décembre, a annoncé mardi à Bangui la Cour constitutionnelle de transition, qui a rejeté 14 candidatures, dont celle de l'ex-président François Bozizé, renversé en mars 2013 et sous le coup de sanctions internationales.

L'actuelle présidente de transition, Catherine Samba Panza, ne pouvait pas juridiquement être candidate.

L'ancien chef de l'État Michel Djotodia, écarté du pouvoir par une intervention militaire internationale début 2014 n'avait pas déposé de dossier de candidature. Comme François Bozizé - qu'il avait renversé en mars 2013, précipitant la Centrafrique dans un cycle de massacres intercommnautaires -, il vit actuellement en exil.

En revanche, plusieurs poids lourds de la classe politique dont Martin Ziguelé, Anicet-Georges Dologuélé, ou encore Karim Meckassoua figurent parmi les candidats dont les dossiers ont été validés par la Cour, a constaté une journaliste de l'AFP.

Une seule femme figure dans la liste, Régina Konzi, professeur d'anglais et candidate «indépendante».

Le premier tour des élections présidentielle et législatives est officiellement prévu le 27 décembre, avant un éventuel second tour le 16 janvier 2016.

Sanctions et mandat d'arrêt

François Bozizé ne pourra pas se présenter, n'ayant notamment pas fourni la preuve de son inscription sur les listes électorales, a relevé la Cour.

«Il n'y a rien de surprenant, nous savions que la messe était dite (...) il y a eu des pressions intérieures et extérieures pour écarter Bozizé. Mais c'est une injustice», a réagi Bertin Béa, le secrétaire général de son parti, le Kwa Na Kwa (KNK), joint au téléphone par l'AFP après l'annonce de la Cour, dont les décisions sont sans appel.

«Tout le monde sait qu'il est en exil à Kampala (Ouganda) et interdit de voyager à cause des sanctions de l'ONU, techniquement il ne pouvait donc pas s'inscrire sur les listes électorales», a commenté M. Béa.

L'ex-président est sous le coup de sanctions des Nations unies et d'un mandat d'arrêt centrafricain pour son rôle présumé dans les violences et les tueries intercommunautaires dans son pays.

Autre protagoniste de la crise, Patrice-Édouard Ngaïssona, le coordinateur général des milices anti-balaka accusées d'avoir commis d'innombrables exactions sur la population, a également vu sa candidature invalidée, en raison de plusieurs condamnations pénales.

Un fort dispositif de sécurité avait été déployé dans la matinée aux abords du tribunal où siège la Cour, où des dizaines de policiers et gendarmes centrafricains ainsi qu'un blindé de la force de l'ONU étaient positionnés.

Menaces sur les élections

Le ministre de la Sécurité publique, Chrysostome Sambia, a par ailleurs interdit tout rassemblement dans les rues de Bangui mardi, suite à des rumeurs de manifestations contre le rejet de certaines candidatures.

La Cour Constitutionnelle a également examiné les dossiers des quelques 1800 candidats aux législatives qui se présentent dans les 141 circonscriptions du pays.

Ces scrutins - plusieurs fois reportés en raison essentiellement de la situation sécuritaire - doivent marquer le retour à une normalité institutionnelle dans le pays, plongé dans une crise sans précédent depuis les massacres intercommunautaires de fin 2013- début 2014.

Au total, près de deux millions de Centrafricains sont inscrits sur les listes électorales, signe de l'engouement suscité par le vote.

L'organisation pratique des scrutins s'annonce toutefois complexe, notamment pour préparer et acheminer le matériel électoral dans tout le pays, alors que des chefs rebelles tenant des zones de province, dont Nourredine Adam, ex-numéro 2 de la Séléka dirigée par M. Djotodia, ont fait savoir qu'ils s'opposeraient à la tenue de ces élections.

Dès dimanche, les Centrafricains sont appelés une première fois aux urnes pour un référendum sur l'adoption d'une nouvelle Constitution.

La Séléka, avec ses exactions à répétition contre la population, a plongé le pays dans la plus grave crise de son histoire depuis son indépendance en 1960. En réaction, des milices majoritairement chrétiennes et animistes anti-balaka se sont créées, commettant à leur tour des attaques contre les civils musulmans et ouvrant la voie à des tueries de masse.

La Séléka a depuis lors éclaté en de multiples factions contrôlant des territoires dans le nord et l'est du pays.