Le référendum constitutionnel et le 1er tour des élections présidentielle et législatives en Centrafrique auront lieu «avant la fin 2015», a assuré samedi la présidente de transition Catherine Samba-Panza, tout en jugeant «préoccupante» la recrudescence des violences ces derniers jours à Bangui.

«Je peux vous rassurer (et vous dire) que le référendum constitutionnel et le 1er tour des élections groupées (présidentielle et législatives) auront lieu avant la fin de l'année 2015», a déclaré à la presse Mme Samba-Panza.

«Compte tenu des délais légaux, de la situation actuelle, il n'est pas possible d'organiser tout le processus électoral en 2015. Il faut être réaliste», a-t-elle reconnu.

«Mais nous avons pris l'engagement de commencer les opérations par le référendum et par le 1er tour des élections. J'attends que l'ANE (Agence nationale des élections) en annonce officiellement la date, il y a déjà un consensus sur la tenue de ces opérations en décembre», a précisé Mme Samba-Panza.

Le référendum et les élections ont été reportés à plusieurs reprises ces derniers mois en raison de l'instabilité persistante qui règne dans le pays.

Selon le dernier calendrier proposé par l'ANE (commission électorale), mais qui doit encore être confirmé officiellement, le référendum pourrait avoir lieu le 6 décembre, le 1er tour de la présidentielle et des législatives le 13 décembre, et un éventuel second tour le 24 janvier.

Les violences à Bangui, en nette recrudescence depuis fin septembre et ces derniers jours en particulier, «ne remettent peut-être pas en cause ces scrutins», mais «elles sont préoccupantes», a-t-elle estimé.

«Ceux qui les instrumentalisent ne veulent pas qu'on aille aux élections, et nous, nous avons la volonté et la détermination d'y aller. Nous comptons donc sur les forces internationales (Minusca et force française Sangaris) et sur nos propres forces pour endiguer ces violences actuelles et surtout protéger les populations qui se sentent un peu abandonnées», selon la présidente de transition.

«Les ennemis de la paix se retrouvent dans tous les camps, aussi bien dans le camp des (...) anti-Balaka (milices majoritairement chrétiennes) et Séléka (ex-rébellion à dominante musulmane), que certaines individualités politiques qui ont également des ambitions et qui ne souhaitent pas que les élections se tiennent rapidement», selon Mme Samba-Panza.

La communauté internationale, France en tête, pousse à des élections rapides. Mais beaucoup à Bangui s'inquiètent d'une surchauffe électorale et du contexte sécuritaire de nouveau explosif, avec un regain d'activité depuis la fin septembre des groupes armés et des tentatives de déstabilisation des fragiles institutions de la transition.

Mme Samba-Panza s'exprimait ce samedi à l'issue d'un entretien avec la secrétaire d'État française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin, arrivée vendredi à Bangui pour une visite de 24 heures.

Leur rencontre s'est déroulée alors qu'à quelques kilomètres de là, dans le sud-ouest de la ville, des affrontements communautaires ont fait samedi au moins deux morts et des centaines de déplacés, ne cessant qu'avec l'intervention musclée des forces internationales. Ces incidents sont les derniers en date d'une nouvelle et inquiétante poussée de fièvre observée depuis une semaine.

Le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, a plongé l'ex-colonie française, déjà très instable, dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et 2014, dont le pays peine toujours à se relever. Près de 11 000 Casques bleus et 900 soldats français de l'opération Sangaris sont déployés depuis 2014 pour tenter de mettre fin aux violences.