Les Tanzaniens se sont rendus aux urnes dans le calme dimanche pour des élections générales très indécises, qui pourraient mettre fin au règne du parti au pouvoir depuis l'indépendance dans le pays le plus peuplé d'Afrique de l'Est.

De longues files d'électeurs se sont formées plusieurs heures avant l'aube dans la capitale économique Dar es Salaam, où les bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 7 h, heure locale.

Ils ont fermé à 16 h, même si les gens qui étaient déjà dans les files d'attente ont été autorisés à voter au-delà de cet horaire. Le scrutin s'est déroulé dans le calme, selon la police, et aucun incident majeur n'a été rapporté.

Les résultats préliminaires de ces élections présidentielle, législatives et locales, devraient être annoncés sous 24 heures et les résultats définitifs connus d'ici trois ou quatre jours.

Quelque 23 millions de Tanzaniens, sur 52 millions d'habitants, devaient choisir le successeur de l'actuel chef de l'État Jakaya Kikwete, qui ne se représentait pas, conformément à la Constitution, après avoir achevé son second mandat.

La course à la présidence se joue entre John Magufuli, 55 ans, du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) au pouvoir, considéré comme le favori parmi les huit candidats, et l'ex-premier ministre Edward Lowassa, 62 ans, un vétéran du CCM désormais à la tête de la coalition d'opposition Ukawa.

«Nous avons besoin de changement. Après plus de 54 ans de pouvoir du CCM nous n'avons rien. Notre pays est très calme. Pas de drames, pas de violences, tout va bien se passer», a observé Cliff Mohamed, 33 ans, un conducteur croisé dans les rues de Dar es Salaam.

Certains observateurs craignent que ce scrutin annoncé particulièrement serré ne débouche sur des violences post-électorales. Car la prééminence du CCM, affaibli par des dissensions internes et des scandales de corruption, n'a jamais été autant menacée.

M. Magufuli, l'actuel ministre des Travaux publics - surnommé le «Bulldozer» -, est loin d'avoir gagné d'avance, les quatre principaux partis d'opposition s'étant ralliés autour de la candidature de M. Lowassa, premier ministre de 2005 à 2008, avant de devoir démissionner pour son implication dans un scandale de corruption.

Le leader de l'opposition «confiant»

M. Lowassa a fait défection du CCM cet été pour rejoindre la formation d'opposition Chadema (Parti pour la démocratie et le développement) et espère offrir au pays sa première alternance depuis son indépendance en 1961.

«Chassons le CCM du pouvoir, ce régime qui a été un échec pour le pays pendant ses 54 années au pouvoir», a-t-il plusieurs fois lancé durant sa campagne. M. Lowassa a voté dimanche à Ngarash, dans le district d'Arusha (nord), et s'est dit «confiant en (sa) victoire».

Le président Jakaya Kikwete avait quant à lui ordonné à la police de renforcer la sécurité pour garantir que le vote se déroule paisiblement.

L'actuel président s'en est pris directement à M. Lowassa samedi lors de la dernière réunion du CCM. Il l'a accusé d'être «corrompu et cupide» et de s'être approprié des terres illégalement quand il était ministre responsable de l'Aménagement du territoire.

MM. Magufuli et Lowassa ont chacun lancé des appels répétés en faveur de la préservation de la paix et de l'unité nationale, et dénoncé le tribalisme, la violence religieuse et la corruption.

Ces élections générales - les cinquièmes depuis l'instauration du multipartisme en 1992 - devaient aussi permettre aux Tanzaniens de désigner leurs députés et conseillers locaux. L'archipel semi-autonome de Zanzibar, dans l'océan Indien, devait élire son propre président et ses députés.

Si la campagne s'est déroulée calmement à Zanzibar, les habitants ont stocké de l'eau et de la nourriture en prévision de possibles troubles. Sur l'archipel, le président Ali Mohamed Shein, du CCM, et le vice-président Seif Sharif Hamad, du Front civique uni (CUF), qui se partagent le pouvoir au sein d'un gouvernement de coalition, sont les favoris de l'élection présidentielle locale.

Les résultats de l'élection présidentielle à Zanzibar devraient être annoncés dès lundi, selon la commission électorale de l'archipel.