Un tribunal égyptien a ordonné lundi la remise en liberté des deux fils de l'ex-président Hosni Moubarak, condamnés en mai à trois ans de prison dans une affaire de corruption, ont indiqué un responsable du tribunal et leur avocat.

Alaa et Gamal Moubarak avaient présenté à la justice une demande de remise en liberté, arguant du fait que le temps qu'ils ont passé derrière les barreaux en détention provisoire depuis la révolte de 2011 qui chassa leur père du pouvoir couvrait leur peine de trois ans, selon le responsable judiciaire et leur avocat, Farid el-Deeb.

Ces derniers mois, plusieurs responsables du régime de M. Moubarak accusés dans des affaires de corruption ont été acquittés tandis que les autorités sont accusées d'instrumentaliser le pouvoir judiciaire dans leur répression des partisans de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi.

Avec leur père, Alaa et Gamal Moubarak, âgés d'une cinquantaine d'années, ont été condamnés en mai à trois ans de prison pour avoir détourné plus de 10 millions d'euros de fonds publics alloués à l'entretien des palais présidentiels.

Alaa est un homme d'affaires et Gamal était considéré comme l'héritier politique de Hosni Moubarak.

Arrêtés en 2011, ils avaient été brièvement remis en liberté en janvier 2015, en vertu d'une décision de justice jugeant qu'ils avaient atteint la période maximale légale de détention provisoire. Ils avaient été de nouveau arrêtés en mai, après leur condamnation.

«Oui, le tribunal a ordonné leur remise en liberté», a affirmé à l'AFP Me el-Deeb, précisant que les deux hommes avaient «purgé leur peine».

Un responsable de la sécurité égyptienne a précisé que les deux hommes devraient être remis en liberté «aujourd'hui (lundi) ou demain (mardi), après la finalisation de toutes les procédures».

Les deux fils Moubarak sont toujours accusés dans une autre affaire de corruption, à la Bourse égyptienne. Leur procès est en cours.

La remise en liberté du clan Moubarak représente un dilemme pour le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, souvent accusé d'avoir instauré un régime plus autoritaire que celui de Moubarak.

L'ancien raïs, actuellement détenu dans un hôpital militaire du Caire, doit être rejugé pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants réclamant son départ durant la révolte de 2011.

Dans ce procès, il avait été condamné en première instance à la prison à vie en juin 2012 puis un autre tribunal avait ordonné l'abandon des poursuites en 2014. La Cour de cassation a toutefois ordonné la tenue d'un nouveau procès.

Les procès du clan Moubarak et des responsables de son régime sont désormais éclipsés par ceux intentés contre M. Morsi et les dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans, qui ont déjà été condamnés dans plusieurs affaires à la peine de mort ou à de lourdes peines de prison.

Dans les mois qui ont suivi l'éviction de M. Morsi, les forces de sécurité ont tué plus de 1400 de ses partisans et emprisonné des dizaines de milliers d'autres. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs qui ont provoqué un tollé international.