L'experte indépendante de l'ONU sur la Centrafrique, Marie-Thérèse Keita Bocoum, a indiqué mercredi, devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, craindre une «guerre civile» en Centrafrique, alors que Bangui est en proie à un nouvel épisode de violences.

«Je crains que si ces violences ne sont pas rapidement contenues, les attaques ciblées sur une base ethnique et religieuse risquent inévitablement d'augmenter, et conduire à une véritable guerre civile», a déclaré Mme Bocoum.

Elle a estimé que «le désarmement des groupes armés doit être une priorité absolue» alors que des élections présidentielle et législatives étaient prévues le 18 octobre, et a appelé le gouvernement à «présenter un plan réaliste et concret de DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion des combattants, NDLR) et de SSR (Réforme du Secteur de la Sécurité, NDLR)».

Bangui est en proie depuis samedi à une nouvelle flambée de violences, dont l'apparent détonateur est le meurtre d'un conducteur musulman de moto-taxi.

Ces violences ont fait près de 40 morts et une centaine de blessés selon l'ONU. Par ailleurs, près de 30 000 personnes ont été déplacées.

S'exprimant aussi devant le Conseil des droits de l'homme, l'ambassadeur centrafricain auprès de l'ONU à Genève, Léopold Ismael Samba, a appelé la communauté internationale à «passer aux actes concrets», estimant qu'il y a «comme une volonté manifeste de maintenir la RCA dans un gouffre».

«La communauté internationale doit s'assumer. Les auteurs des assassinats, crimes et autres ainsi que leurs commanditaires sont connus et ne se cachent pas», a-t-il dit, demandant aux «forces internationales déployées» dans son pays de «contrer et arrêter ces flambées de violences et d'assassinats à répétition».

La Centrafrique avait plongé dans la plus grave crise de son histoire après le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djotodia, à la tête d'une rébellion à dominante musulmane, la Séléka.

Les exactions commises par la Séléka ont ensuite débouché sur la création de milices chrétiennes, les anti-balaka, qui s'en sont alors pris aux civils musulmans, déclenchant des violences interreligieuses faisant des milliers de victimes.