La défense de Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l'humanité lors de la crise postélectorale de 2010-2011, a demandé à la Cour pénale internationale d'ouvrir le procès de l'ancien président en Côte d'Ivoire, a-t-on appris vendredi.

L'avocat de M. Gbagbo a demandé aux juges, dans un document publié sur le site de la Cour, de «recommander à la présidence de la CPI que les discours d'ouverture se tiennent soit en Côte d'Ivoire, soit à Arusha, en Tanzanie», où le Tribunal pénal international pour le Rwanda a clos en avril son ultime audience.

«C'est un procès qui concerne au premier chef les Ivoiriens», ajoute l'avocat : «il est donc crucial que les Ivoiriens ne se sentent pas exclus du procès».

Le procès de l'ancien président et de son ex-chef de milice, Charles Blé Goudé, doit s'ouvrir le 10 novembre à La Haye, au siège de la CPI.

Les deux hommes, âgés de 69 et 43 ans, sont poursuivis pour leur rôle présumé dans la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à l'issue de la présidentielle de 2010. Les violences ont fait plus de 3000 morts en cinq mois.

L'ancien président est accusé d'avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir.

Charles Blé Goudé aurait été à la tête d'hommes ayant tué et violé des centaines de personnes, selon l'accusation, dans le but de maintenir l'ancien chef de l'État au pouvoir.

Ouvrir le procès à Abdijan, ou à Arusha, en Tanzanie «permettra de contribuer au processus de réconciliation en Côte d'Ivoire», ajoute l'avocat, en rapprochant «la justice des communautés affectées».

Laurent Gbagbo est écroué à la CPI depuis novembre 2011, Charles Blé Goudé depuis mars 2014.

Aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la CPI. Aucune personnalité proche du pouvoir actuel n'a jusqu'à présent fait l'objet de poursuites en Côte d'Ivoire.