Le président zimbabwéen Robert Mugabe, 91 ans, a prononcé par erreur mardi devant le Parlement le même discours que celui donné le mois dernier, devant des députés de l'opposition restés silencieux en raison, affirment-ils, de menaces reçues par textos.

«Il y a eu un mélange dans les discours et le président a prononcé le mauvais discours» à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, a déclaré George Charamba, le porte-parole du président zimbabwéen, au quotidien gouvernemental The Herald.

L'inamovible Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, a relu pendant 25 minutes l'intégralité du texte déjà prononcé devant les députés lors de son intervention sur l'état de la nation le mois dernier, sans visiblement s'apercevoir qu'il prononçait le mauvais discours.

«La confusion s'est produite au niveau du secrétariat. Nous regrettons sincèrement cette erreur et des mesures disciplinaires sont envisagées», a poursuivi M. Charamba.

Les journalistes qui couvraient l'évènement avaient rapidement pointé les similitudes entre les deux discours. Mais les députés de l'opposition, qui avaient chahuté le président lors de son précédent discours le 25 août, sont cette fois restés silencieux, malgré la méprise.

Innocent Gonese, le leader parlementaire du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti d'opposition, a affirmé que sept de ses députés avaient reçu un texto anonyme, les mettant en garde contre toute perturbation pendant le discours de M. Mugabe.

«Le message qui commençait par le mot "mort" vient d'un numéro masqué et avertit les députés concernés que leur immunité s'arrête aux portes du Parlement», a expliqué M. Gonese à des journalistes après le discours du président.

«Le message a aussi mis en garde les députés de faire très attention à ce qu'ils faisaient au Parlement, et les a prévenus qu'ils ne devaient pas perturber le discours présidentiel», a-t-il poursuivi. Le MDC est «inquiet» de ces menaces qui «sapent l'intégrité du Parlement», a-t-il ajouté.

Le Zimbabwe traverse une grave crise économique depuis le début des années 2000, à la suite de la réforme agraire du président Mugabe qui a brisé un secteur-clé de l'économie du pays. Le chef de l'État a d'ores et déjà été désigné candidat de son parti pour la présidentielle de 2018.