Un homme soupçonné d'avoir tenté de vendre une adolescente albinos pour 14 500 $ a été arrêté mardi au Malawi, selon la police de ce pays d'Afrique australe où les meurtres d'albinos, alimentés par les superstitions des habitants, sont fréquents.

Phillip Ngulube, un instituteur malawite, s'apprêtait à vendre une adolescente albinos - qu'il dit être sa petite amie - à un homme d'affaires tanzanien pour six millions de kwachas (14 500 $), a expliqué le porte-parole de la police nationale, Maurice Chapola, ajoutant que la jeune fille allait être tuée pour la vente de ses membres.

L'instituteur a été arrêté dans la ville de Mzuzu (nord) et inculpé pour enlèvement et tentative de meurtre, selon la même source.

Les assassinats d'albinos sont fréquents dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne où leurs membres et leurs os sont utilisés pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. Devant l'aggravation de ce fléau, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a nommé en mars un expert chargé d'enquêter au Malawi, en Tanzanie et au Burundi.

Un squelette complet d'albinos se monnaie jusqu'à 75 000 $, selon la Croix-Rouge. Depuis décembre, neuf albinos ont été tués au Malawi, selon l'ONU.

Blantyre a lancé une grande enquête pour tenter d'établir les causes profondes de ce trafic et d'identifier les acheteurs de membres d'albinos, mais les résultats n'ont pas encore été publiés. Des critiques s'élèvent dans le pays affirmant qu'il n'y a pas de réelle volonté politique pour stopper ce lucratif et funeste trafic.

L'inquiétude grandit également en Tanzanie à l'approche des élections législatives et présidentielle en octobre, alors que la période électorale est généralement propice à une recrudescence de ces attaques, des hommes politiques cédant à ces pratiques par superstition.

L'albinisme, maladie génétique héréditaire qui se traduit par une absence de pigmentation dans la peau, le système pileux et l'iris des yeux, touche environ une personne sur 1200 au Malawi.