Plus de 20 000 Somaliens qui avaient fui au Yémen la guerre civile dans leur pays ont fait le chemin inverse depuis mars pour échapper au conflit opposant les forces gouvernementales de Sanaa à des rebelles chiites Houthis, a annoncé l'ONU mardi.

Ces Somaliens, poussés à quitter leur pays par des famines à répétition ou la guerre civile qui sévit depuis 1991, ont été rattrapés par la guerre au Yémen et ont traversé le golfe d'Aden par bateau pour gagner les régions somaliennes semi-autonomes du Puntland et du Somaliland (nord-est).

«Depuis mars 2015, près de 29 000 personnes sont arrivées en Somalie depuis le Yémen. 90% d'entre elles sont des Somaliens et nous en attendons d'autres dans les mois qui viennent', a annoncé le Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

«L'arrivée de nouvelles personnes fuyant le conflit au Yémen est une charge supplémentaire pour des services de base déjà limités», a averti Ocha, précisant que les nouveaux arrivants avaient reçu de l'aide alimentaire et des biens de première nécessité.

Plus de 1,1 million d'habitants sont d'ores et déjà déplacés en Somalie et trois millions nécessitent une aide humanitaire, notamment dans le sud du pays où les islamistes radicaux shebab combattent les troupes gouvernementales et celles de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).

Au Yémen, les forces progouvernementales, soutenues par une coalition militaire arabe menée par l'Arabie saoudite, affrontent depuis plus de quatre mois les rebelles chiites Houthis qui se sont emparés de vastes régions du pays depuis juillet 2014.

Leur progression dans le sud fin mars avait contraint le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son gouvernement à s'exiler en Arabie saoudite voisine et entraîné une intervention d'une coalition arabe pour venir en aide aux autorités yéménites face aux rebelles.

Le conflit, qui a fait selon l'ONU plus de 4000 morts, pour moitié des civils, a entraîné depuis mars la fuite de près de 10 000 Yéménites vers Djibouti, petit pays voisin de la Somalie, toujours selon les Nations unies.

Dans le même temps, des milliers de candidats à l'immigration clandestine, en provenance notamment d'Éthiopie ou d'Érythrée traversent le golfe d'Aden dans le sens inverse, dans l'espoir de gagner l'Europe. Nombre d'entre eux sont induits en erreur par des passeurs peu scrupuleux qui leur assurent que le conflit au Yémen est terminé.

Le mois dernier, l'ONU estimait à plus de 10 000 le nombre de migrants qui ont accosté au Yémen depuis mars et le début de la campagne aérienne lancée par la coalition de pays arabes.