La médiatrice chargée de veiller au bon usage des deniers publics en Afrique du Sud, Thuli Madonsela, a dénoncé lundi les attaques dont elle est victime depuis la publication de son rapport sur la rénovation de la résidence privée de Jacob Zuma aux frais de l'État.

«En 20 ans d'existence, ce bureau n'a jamais reçu d'attaques aussi virulentes», a-t-elle déclaré devant la presse lundi, en référence aux critiques émises ces derniers mois par des députés de la majorité à l'encontre de son rapport, publié en mars 2014.

«Je me demande ce que Nelson Mandela aurait pensé de la tournure bizarre que prennent ces évènements», a-t-elle ajouté.

Thuli Madonsela a également affirmé qu'elle avait été empêchée la semaine dernière de s'exprimer devant une commission parlementaire qui enquête sur la rénovation controversée de la résidence privée du président sud-africain pour 246 millions de rands (environ 25,4 millions de dollars canadiens) d'argent public.

Dans son rapport, la médiatrice avait estimé que le président sud-africain avait «indument bénéficié» de ces dépenses publiques pour la construction d'une piscine, d'un amphithéâtre, d'un héliport, d'un enclos à bétail et suggéré qu'il rembourse une partie des frais.

«Le président Zuma est partiellement responsable et oui, il doit rembourser une partie de l'argent», a-t-elle répété lundi.

En mai dernier, le ministre de la Police a dédouané le président sud-africain de toute responsabilité et assuré que les frais correspondaient bien à des «travaux de sécurité», que le président n'avait pas à rembourser.

Mais le mois dernier, après une visite de la résidence, des parlementaires de l'Alliance Démocratique, le principal parti d'opposition, ont dénoncé des travaux «extravagants» et «bien au-delà des standards minimums de sécurité nécessaires».

Ce scandale, dit «Nkandlagate», du nom du village de la résidence de Jacob Zuma, empoisonne la vie politique sud-africaine depuis près de deux ans. À chaque apparition de M. Zuma au Parlement, les «Combattants pour la liberté économique» (EFF) - parti du jeune tribun populiste Julius Malema - l'interrompent systématiquement pour lui demander quand il va rendre l'argent.