La justice sud-africaine a donné raison lundi au jeune tribun populiste Julius Malema, qui contestait la volonté du fisc de saisir ses biens pour rembourser plusieurs années de fraude, au risque de lui faire perdre son siège de député.

Julius Malema, qui a fait une percée remarquée l'an dernier aux législatives à la tête de son parti des «Combattants pour la liberté économique» (EFF), a été président de la Ligue jeunesse du parti au pouvoir, l'ANC, de 2008 à 2012 avant d'être exclu.

Jugé à Pretoria, son litige avec le fisc (SARS) a finalement débouché sur un non-lieu, le fisc abandonnant les poursuites après que le juge Gregory Wright ait estimé que les moyens déployés par l'administration contre ce contribuable politiquement sensible étaient «disproportionnés».

Grand pourfendeur des libertés prises par le président Jacob Zuma avec l'argent public, Malema est lui-même loin d'être au-dessus de tout soupçon, le fisc ayant découvert qu'il avait sous-déclaré ses revenus de 2005 à 2011 et lui devait 18 millions de rands (près de 1,8 million de dollars).

Certains de ses biens, attestant d'un train de vie plus que confortable du temps où il était à l'ANC, ont déjà été saisis et vendus aux enchères, notamment une ferme et sa maison de Sandton, quartier luxueux de Johannesburg.

Porte-parole des laissés-pour-compte de l'Afrique du Sud post-apartheid, Malema n'a de cesse de s'en prendre aux richesses accumulées par la minorité blanche au fil de trois siècles de domination, qu'il s'agisse des mines ou des fermes agricoles.

L'abandon des poursuites par le fisc ne signifie pas qu'il n'en a pas terminé avec la justice: il reste inquiété pour son implication dans des marchés publics truqués dans le Limpopo (nord), accusé depuis septembre 2012 de fraude, corruption, blanchiment d'argent et racket. L'affaire doit revenir en audience en août.

Lundi, comme à chacune de ses apparitions devant la justice, Malema en a profité pour tenir un rassemblement devant plusieurs milliers de partisans et se poser en victime.

«Ce n'est pas une affaire fiscale, c'est une affaire politique!», a-t-il lancé. «L'Afrique du Sud n'est pas une république bananière, car notre système judiciaire jouit d'une relative indépendance».