La communauté internationale exhortait mardi à préserver un «processus de paix en danger» au Mali, après la reprise des hostilités entre les groupes progouvernementaux et la rébellion, qui a annoncé son intention de parapher l'accord d'Alger, près de deux mois après Bamako et ses alliés.

Le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi, a déploré «deux évènements extrêmement préoccupants, car ils mettent le processus de paix en danger».

Citant des tirs à Tombouctou mardi, au lendemain de la prise par des groupes pro-Bamako des positions rebelles à Ménaka, près de la frontière nigérienne, il a réitéré dans un communiqué son «appel au calme afin de laisser toutes leurs chances au dialogue et à la paix».

Dans la matinée, des véhicules de la force de l'ONU ont été la cible de tirs de la rébellion qui n'ont pas fait de victime près de Tombouctou, a indiqué la Minusma soulignant avoir été avisée qu'il s'agissait d'une «méprise» de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion) qui réclame le départ des troupes gouvernementales.

Une source de sécurité avait fait état auparavant de «quelques escarmouches» sans gravité près de Tombouctou entre les rebelles et l'armée.

Auparavant, le chef de la Minusma avait adjuré les protagonistes de ne pas dilapider les fruits de «mois de négociations intenses impliquant toutes les parties», précisant avoir rencontré dimanche à Nouakchott les représentants de la rébellion qui «ont confirmé leur intention de parapher l'accord» d'Alger, avalisé le 1er mars par Bamako et ses alliés.

Le représentant du secrétaire général de l'ONU a rappelé la menace le 6 février par le Conseil de sécurité de «sanctions ciblées à l'encontre de ceux qui reprennent les hostilités et violent le cessez-le-feu».

La rébellion à dominante touareg a fustigé lundi une «agression d'autant plus inacceptable qu'elle intervient au lendemain d'un engagement définitif de la CMA à parapher l'accord dans les plus brefs délais, transmis au chef de la Minusma».

«Actions de provocation»

La France, présente militairement au Mali, a appelé mardi «l'ensemble des parties à la retenue et au respect du cessez-le-feu».

Le gouvernement, accusé par les rebelles qui incriminent «des éléments de l'armée malienne et de ses milices», a assuré avoir appris «avec une grande surprise et une forte préoccupation» les affrontements de Ménaka, «entre certains groupes armés».

Il a condamné «cette reprise des hostilités et ce regain de violence» au milieu des efforts de paix, appelant «l'ensemble des acteurs à redoubler de vigilance afin que des actions de provocation ne viennent remettre en cause» ce processus, dans une possible allusion aux groupes pro-Bamako.

Le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) a affirmé avoir chassé les rebelles de Ménaka après avoir été «provoqué» par les forces du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion) à une quarantaine de km au sud.

Quelque 700 personnes ont manifesté mardi dans les rues de la ville avec le drapeau malien pour saluer le départ des rebelles, selon une source proche de la Minusma et des témoins.

Une partie des manifestants «se sont même dirigés vers le camp où l'armée malienne est cantonnée, pour réclamer qu'elle sorte pour contribuer à sécuriser la ville», a souligné un témoin.

La rébellion a de nouveau refusé le 18 avril de parapher en l'état l'accord d'Alger, malgré les pressions de la communauté internationale qui a enjoint les protagonistes de venir tous le signer le 15 mai à Bamako.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a insisté vendredi sur «l'urgence d'un règlement politique de la situation et du rétablissement de la sécurité dans le nord du Mali».

Cette région est tombée au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Les djihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.