Il y a un an aujourd'hui, 276 écolières nigérianes étaient enlevées par le groupe terroriste Boko Haram. Depuis, une cinquantaine d'entre elles se sont échappées, mais on ignore toujours ce qui est arrivé à leurs camarades. Retour sur un drame qui a soulevé l'indignation à l'échelle de la planète.

A-t-on des nouvelles des jeunes filles?

Non. Certaines sources affirment qu'elles ont été converties de force à l'islam, vendues, mariées contre leur gré ou encore, cédées comme esclaves. Mais il n'existe aucun rapport officiel qui confirmerait ce qu'il est advenu de ces écolières. Quant aux jeunes filles qui avaient réussi à se sauver, une vingtaine d'entre elles étudient à l'Université américaine du Nigeria (AUN), une institution privée située dans la ville de Yola.

L'élection d'un nouveau président au Nigeria permet-elle d'entrevoir une lueur d'espoir?

«C'est assez encourageant», estime Thierry Delvigne-Jean, chef des communications d'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest joint par La Presse à Dakar. «Les élections se sont déroulées dans un climat assez paisible, il n'y a pas eu trop d'incidents», ajoute-t-il. Les résultats officiels, publiés hier confirment en effet l'élection du président Muhammadu Buhari et de son parti, le Congrès progressiste (APC), qui ont remporté la majorité des États. Or, le nouveau président s'est engagé à éradiquer le groupe Boko Haram. «Il n'est pas le seul, poursuit Thierry Delvigne-Jean. Les pays limitrophes aussi. Mais c'est une situation complexe. Boko Haram occupe des régions isolées et difficiles d'accès. Une situation qui complique aussi le travail des agences internationales qui courent de grands dangers en se rendant dans ces zones où leur sécurité est fortement menacée.»

Que fait la communauté internationale?

Deux initiatives personnelles ont été particulièrement remarquées au cours des derniers jours. Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix 2014, a publié une lettre ouverte aux jeunes femmes kidnappées sur son blogue vendredi dernier. L'adolescente écrit: «Les dirigeants du Nigeria et de la communauté internationale n'ont pas fait suffisamment pour vous aider. Ils doivent faire beaucoup plus pour assurer votre libération. Je fais partie de ceux qui exercent des pressions pour que vous soyez libérées.» De son côté, la journaliste et ex-compagne du président français Valérie Trierweiler a lancé un appel à tous sur le site de Paris Match, invitant les Français à aller manifester demain. Elle a également interpellé François Hollande sur Twitter jeudi dernier, écrivant: «Jeunes filles nigérianes. F. Hollande avait annoncé leur libération, des médias évoquent leur mort».

Le mot-clic #BringBackOurGirls (ramenez nos filles) a-t-il été inutile?

«Ce mot-clic a réussi à mobiliser l'opinion publique mondiale à propos de la situation extrême de ces jeunes filles, note Thierry Delvigne-Jean. Maintenant, on veut essayer de montrer que l'impact est beaucoup plus grand, que des centaines de milliers d'enfants nigérians, garçons et filles, ont tout perdu. Ils ont été témoins d'horreurs, ils ont vu des membres de leur famille violés, brûlés, torturés, tués. On aimerait populariser un nouveau mot-clic, #BringBackOurChildhood (ramenez notre enfance), pour sensibiliser la communauté internationale à cette triste réalité: ces enfants ont perdu leur enfance. Ils ont besoin d'un appui psychosocial spécialisé.»

EN CHIFFRES

276

Nombre de filles enlevées le 14 avril 2014 dans la ville de Chibok au Nigeria.

800 000

Nombre d'enfants nigérians forcés de quitter leur maison à cause des violences dans le nord-est du pays, selon l'UNICEF.

1500

Nombre de civils tués au Nigeria depuis le début de 2015, selon Amnistie internationale.