L'Union européenne a appelé vendredi à ce qu'une enquête «urgente» soit menée sur la fosse commune découverte près de Kinshasa et qui suscite de nombreuses questions en République démocratique du Congo et à l'étranger.

L'Union européenne «partage les interrogations qui se sont fait jour des différents côtés suite à la découverte d'une fosse commune à Maluku», indique un communiqué de la représentation de l'UE en RDC.

Elle appelle donc à une «enquête urgente, transparente et crédible» sur ce dossier et se dit «prête à la soutenir par tous les moyens dont elle dispose».

Selon les autorités de la ville-province de Kinshasa, la fosse commune de Maluku (à 80 km au nord-est de Kinshasa) contient 421 corps - 300 mort-nés ou foetus, 23 corps abandonnés, 34 indigents et 64 personnes non identifiées - enterrés là le 19 mars pour désengorger la morgue générale de la capitale.

Les autorités ont démenti les rumeurs selon lesquelles la fosse pourrait abriter des victimes des troubles de janvier. Plusieurs dizaines de personnes avaient alors été tuées - essentiellement à Kinshasa - lors de manifestations contre un projet de révision de la loi électorale.

La Belgique, l'ancienne puissance coloniale en RDC, a demandé une enquête «crédible» et «indépendante», de même que de nombreuses associations congolaises et les organisations de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch et Amnesty International.

«Nous exigeons une enquête mixte interne et internationale, la sanctuarisation du site et l'autopsie de chaque corps», ont pour leur part déclaré jeudi un groupe d'opposants et d'organisations de la société civile.

Selon un document officiel que l'AFP a pu consulter, une enquête judiciaire a été ouverte sur la fosse commune à la demande du Bureau conjoint de l'ONU pour les droits de l'Homme (BCNUDH) en RDC. Les autorités se sont engagées à exhumer les corps si besoin.

En début de semaine, le site était accessible à tous. Mais «à ce jour nous avons pris des dispositions (...) et nous l'avons sécurisé, nous avons placé une équipe pour que la fréquentation de ce site ne soit pas donnée à tout le monde», a souligné jeudi le procureur de Kinkole, Ghislain Mwehu Kahozi.

Associé à l'enquête, le BCNUDH a expliqué à l'AFP que le site était désormais «protégé» par une «présence policière».

À Genève, le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a indiqué qu'il «continuait de soutenir le gouvernement (congolais) et de le presser de s'assurer que l'enquête judiciaire soit menée à terme rapidement et de manière transparente, crédible et indépendante».

L'agence onusienne a ajouté qu'elle menait sa «propre enquête indépendante» sur la fosse commune.

Jeudi, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait jugé «naturel» que la découverte de la fosse de Maluku «soulève des interrogations».

«Néanmoins, nous estimons que certaines déclarations entendues ici et là au sujet de ces inhumations collectives sont au-delà du raisonnable», avait-il ajouté, déplorant que, «malgré les informations et les explications fournies par les autorités municipales, on (aille) de surenchère en surenchère».