Des centaines de personnes, dont de nombreux enfants, ont été kidnappées par les djihadistes de Boko Haram qui les utilisent comme boucliers humains, a affirmé mercredi un responsable nigérian.

Les otages ont été enlevés plus tôt ce mois-ci, au moment où les islamistes se repliaient de la ville de Damasak, dans le nord-est du pays, a dit Mike Omeri, le porte-parole du Nigeria dans la lutte à Boko Haram.

Il n'a pas pu dire combien de personnes ont été kidnappées, mais des informations locales font état de 500 otages.

Les djihadistes se sont rendus à l'école primaire de Damasak, où ils ont capturé des enfants et des enseignants avant de fuir, a dit M. Omeri.

Des soldats tchadiens et nigériens ont repris Damasak, près de la frontière avec le Niger, le 16 mars. C'est à ce moment que les islamistes auraient pris des otages, mais l'information n'a été dévoilée que tout récemment.

Les soldats qui ont repris la ville l'ont trouvée essentiellement déserte. Damasak était contrôlée depuis deux mois par Boko Haram, qui en avait fait un centre administratif.

Les soldats tchadiens et nigériens qui se sont emparés de la ville ont trouvé des signes d'une fosse commune, a confirmé mercredi l'ambassadeur tchadien aux Nations unies, Zene Cherif.

De son côté, le patron de l'agence onusienne des réfugiés a prévenu que les milliers de Nigérians qui fuient les djihadistes ont besoin d'aide.

Au moins 74 000 Nigérians se sont ainsi réfugiés au Cameroun voisin, tandis que 100 000 autres ont fui vers le Tchad et le Niger. Le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guerres, a indiqué mercredi que son agence fournira d'autres ressources au Cameroun pour affronter cette crise.

Le Nigeria ferme ses frontières jusqu'aux élections

Le président nigérian Goodluck Jonathan a ordonné la fermeture des frontières maritimes et terrestres du Nigeria jusqu'aux élections présidentielle et législatives, qui doivent se tenir samedi, a indiqué mercredi le ministère de l'Intérieur.

Cette mesure, qui doit prendre effet à minuit (19 h mercredi à Montréal), jusqu'à la même heure samedi, a été prise «pour permettre le déroulement pacifique des élections nationales à venir», dit le communiqué.

Le Nigeria a des frontières terrestres avec le Bénin, le Cameroun, le Tchad et le Niger.

La sécurité est un problème récurrent lors de la tenue d'élections dans le pays le plus peuplé d'Afrique, les antagonismes politiques réveillant parfois des rivalités ethniques et religieuses.

Lors des dernières élections présidentielle et législatives, en 2011, environ 1000 personnes sont mortes lors d'affrontements postélectoraux, suite à l'annonce de la victoire de M. Jonathan contre Muhammadu Buhari, qui était déjà le candidat de l'opposition.

Les deux hommes s'affrontent à nouveau cette année lors d'un scrutin qui s'annonce particulièrement serré.

Ces élections, initialement prévues le 14 février, ont été reportées à samedi pour des raisons de sécurité à cause du groupe islamiste armé Boko Haram, qui mène une insurrection sanglante depuis 2009 dans le Nord-Est et a dit vouloir empêcher la tenue du scrutin.

Mardi, le chef de la police nigériane a ordonné «une interdiction totale» de circuler samedi pour tous les véhicules, sauf ceux utilisés pour des «missions essentielles», entre 8 h et 17 h. 

- Avec l'Agence France-Presse