Le président tanzanien Jakaya Kikwete, dont le pays est secoué par une recrudescence d'attaques visant les albinos, a promis lors d'un message à la nation lundi de «prendre toutes les mesures» pour mettre fin à cette situation.

En Tanzanie, les albinos sont victimes de croyances attribuant des vertus magiques à des parties de leur corps. Selon ces superstitions encore vivaces dans le nord du pays, en particulier aux bords du lac Victoria, les organes d'albinos portent bonheur aux hommes politiques en campagne électorale, aux pécheurs ou aux chercheurs de minerais.

À l'approche d'élections prévues en octobre, les attaques sont en hausse.

«Je voudrais assurer nos compatriotes albinos et tous les citoyens que nous allons prendre toutes les mesures», a déclaré M. Kikwete dans son discours mensuel diffusé à la radio et à la télévision nationales.

Ordonnant que tous les suspects soient «traqués, arrêtés, traduits en justice et condamnés, pour ceux qui seront reconnus coupables», il a exhorté la population à dénoncer tous les suspects et les prétendus sorciers derrière ces attaques.

«Mettre fin aux meurtres d'albinos, cela est possible, mais à condition que les gens abandonnent les croyances superstitieuses et comprennent que chacun devra sa réussite à son travail», a-t-il poursuivi, appelant à une large campagne de sensibilisation.

Pour le président qui a annoncé une réunion la semaine prochaine avec les représentants des personnes souffrant d'albinisme, les attaques les visant «sont une honte pour des gens civilisés et qui croient en Dieu», «des actes inacceptables».

Selon lui, l'année la plus meurtrière pour les albinos en Tanzanie a été 2008, avec 18 tués.

Une accalmie a été observée en 2011 suite aux poursuites judiciaires, mais les attaques ont repris par la suite, a-t-il regretté.

Selon M. Kikwete, 139 suspects ont été appréhendés depuis 2007 dont 13 ont été condamnés à la peine de mort et deux autres à six mois de prison. La peine capitale n'a cependant pas été exécutée en Tanzanie depuis plusieurs années.

Le mois dernier, un bébé albinos de 18 mois a été enlevé par des hommes armés de machettes ayant pénétré à son domicile dans le nord du pays. La police a par la suite retrouvé le cadavre du bébé, amputé de ses bras et ses jambes.

On est toujours sans nouvelles d'une petite albinos enlevée dans les mêmes conditions à la fin 2014, toujours dans le nord du pays.