Le djihadisme terroriste fait peser une «menace directe» sur la sécurité de l'Europe, a estimé le premier ministre français, Manuel Valls, lors d'un congrès de sociaux-démocrates à Madrid, selon le texte de son intervention transmise par ses services.

«Je voudrais citer la question de la Libye et de la menace directe que fait peser sur notre sécurité la création sous nos yeux et non loin de nos frontières, d'un nouveau repaire pour le djihadisme terroriste», a-t-il déclaré, en évoquant la nécessité d'un «effort de défense» lors de cette réunion à huis clos.

Manuel Valls est l'un des quatre premiers ministres participant à cette réunion de dirigeants sociaux-démocrates européens, une quarantaine, ayant pour but de définir samedi une position commune sur trois sujets clefs pour l'opinion publique européenne: le terrorisme, la politique étrangère et l'emploi.

Il faut «avoir la lucidité de l'expliquer à nos opinions publiques: le terrorisme djihadiste s'est installé dans nos sociétés occidentales», a déclaré Manuel Valls en évoquant les deux séries d'attaques inspirées par l'islam radical qui ont frappé la France et le Danemark depuis le début de l'année, avec 17 et 2 morts respectivement.

Le chef du gouvernement a ainsi évoqué les quelque 3000 individus attirant l'attention des services en France pour leur radicalisation potentielle et insisté sur son analyse de la situation, avec l'émergence «d'un islamofascisme», combinaison de «totalitarisme» et de «fanatisme islamiste».

«L'islamisme radical nous a déclaré la guerre», a-t-il dit.

Le chef du gouvernement français, a de ce fait invité les sociaux-démocrates européens à répondre sur plusieurs fronts: celui de la mobilisation autour de leurs valeurs, de liberté, en refusant «le chantage de la terreur»; il a évoqué la nécessité de «renforcer les moyens de la lutte antiterroriste», et enfin l'exigence d'agir en protégeant mieux les frontières de l'Europe, notamment par le biais de la mise en place d'un fichier commun des passagers aériens (PNR) et de contrôles à l'entrée de l'espace Schengen.

L'UE chiffre entre 3000 et 5000 ses ressortissants partis rallier les mouvements djihadistes en Syrie et Irak, dont 30 % sont revenus.

L'espace Schengen comprend les territoires de 26 pays européens (22 pays de l'UE plus la Norvège, la Suisse, le Liechtenstein et l'Islande), qui ont supprimé les contrôles à leurs frontières intérieures.