Au cours de son premier jour de liberté, le journaliste canado-égyptien Mohamed Fahmy est allé revisiter le site où il s'était fait arrêter il y a plus d'un an.

Les autorités égyptiennes ont finalement relâché M. Fahmy et son collègue Baher Mohammed tôt vendredi matin. Une décision surprenante puisque sa libération n'était pas attendue avant samedi.

Le journaliste d'origine canadienne a, quelques heures plus tard, partagé sur son compte Twitter une photo de lui avec sa fiancée à l'hôtel Marriott du Caire, le lieu même où il s'était fait interpeller par les policiers avec ses collègues du réseau anglophone d'Al-Jazeera. Sur l'image, les conjoints, souriants, font un signe de la paix avec leurs doigts.

Sur Twitter, M. Fahmy a aussi tenu à remercier ses collègues journalistes à travers le monde qui lui ont témoigné leur appui dans les derniers mois. «Beaucoup d'affection pour la communauté de journalistes dans le monde pour nous avoir soutenus. Ce n'est pas fini», a-t-il écrit.

Il a en outre témoigné sa reconnaissance envers sa famille pour avoir mené son combat.

Al-Jazeera a aussi publié des photos et une vidéo présentant l'homme de 40 ans qui jouait avec ses enfants. Il affirme dans la vidéo qu'il continuera sa bataille pour la liberté de la presse.

Un juge égyptien avait ordonné jeudi la libération sous caution des deux journalistes en attendant leur procès. La prochaine audience doit avoir lieu le 23 février et les deux hommes doivent se rapporter à la police tous les jours d'ici là.

M. Baher avait tout d'abord été condamné à dix ans de prison et M. Fahmy à sept, mais le plus haut tribunal d'appel d'Égypte avait ensuite infirmé cette décision et ordonné la tenue d'un nouveau procès. C'est lors de la première audience de ce nouveau procès, jeudi, que le juge a ordonné leur libération sous caution.

Un troisième employé d'Al-Jazeera, l'Australien Peter Greste, a été relâché et déporté il y a environ deux semaines.

Les journalistes avaient été arrêtés en décembre 2013 lors d'une perquisition dans la chambre d'hôtel à partir de laquelle ils couvraient les manifestations qui ont éclaté après la chute du président islamiste Mohammed Morsi. Ils ont été accusés de collaborer avec les Frères musulmans, désormais considérés comme une organisation terroriste en Égypte.

La suite des événements demeure nébuleuse. Le tribunal pourrait décider d'abandonner la poursuite, de les acquitter, de les reconnaître coupables en les condamnant au temps déjà passé en prison ou de leur imposer une nouvelle peine d'emprisonnement, avec une possibilité de clémence de la part du président Abdel-Fattah el-Sissi.

Comme cela a été le cas pour M. Greste, M. Fahmy pourrait aussi être déporté en vertu d'une loi adoptée récemment, après qu'il eut accepté de renoncer à sa citoyenneté égyptienne. Selon une de ses avocates les plus connues, Amal Clooney, M. Fahmy pourrait être déporté même si les autorités ont ordonné un nouveau procès.

«Il n'y a aucun obstacle à demander son renvoi immédiat au Canada. Le premier ministre Harper devrait intervenir personnellement pour s'assurer que les engagements pris par le gouvernement égyptien et son propre gouvernement envers son citoyen soient respectés», a-t-elle plaidé, dans un communiqué.

Jeudi, M. Harper s'était dit optimiste que les efforts de son gouvernement pour qu'il soit libéré définitivement ont fonctionné.

Le sort de M. Baher est plus obscur, puisqu'il ne détient pas de citoyenneté étrangère.

Al-Jazeera a déclaré que la décision de libérer les deux hommes est «un petit pas dans la bonne direction», tout en estimant que la justice devrait abandonner «cette poursuite absurde (et) libérer les deux journalistes sans aucune condition».