Le Sénat de la République démocratique du Congo a reporté à vendredi l'examen et le vote d'une loi électorale contestée à l'origine de trois jours de violences à Kinshasa, a-t-on appris jeudi auprès du bureau du rapporteur de la Chambre haute.

«La plénière est reportée pour demain à 9 h (3 h, heure de Montréal). La commission n'a pas fini d'examiner la loi», a déclaré à l'AFP Miché Ngalamulume, conseiller technique et en communication du rapporteur du Sénat, indiquant que le vote du texte était prévu également pour vendredi.

La séance, annoncée initialement pour jeudi 14 h (8 h à Montréal), avait d'abord été reportée à 16 h (10 h à Montréal).

Le projet de révision de la loi électorale adopté samedi par les députés ouvre la possibilité d'un report de la présidentielle censée avoir lieu fin 2016. Ceci permettrait au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se maintenir à la tête de l'État au-delà de la fin de son mandat, alors que la Constitution lui interdit de se représenter.

Dénoncé par un collectif d'opposants comme un «coup d'État constitutionnel», le projet de loi a été à l'origine de violences mortelles de lundi à mercredi dans la capitale, où la situation s'apaisait jeudi, même si le parlement et l'Université de Kinshasa, un des principaux foyers de contestation, restaient encerclés en fin d'après-midi par un fort dispositif policier.

Par ailleurs, manifestants et policiers se sont affrontés encore violemment à Goma, la grande ville de l'est de la RDC, où le maire a annoncé la fermeture des écoles, lycées et établissements supérieurs jusqu'à lundi.

Le passage le plus contesté du texte de loi est celui impliquant que les prochaines législatives et présidentielle (devant avoir lieu en même temps) soient conditionnées par les résultats du recensement général de la population - le premier depuis 1984 - devant commencer cette année.

Selon plusieurs analystes, ce comptage des habitants, dans un pays grand comme cinq fois la France, pratiquement dépourvu d'infrastructures et encore déchiré par des conflits armés dans sa partie est, pourrait prendre jusqu'à trois ans.

Selon un diplomate à Kinshasa, la commission sénatoriale n'était pas encore parvenue à se mettre d'accord jeudi en fin d'après-midi sur le texte à présenter à la plénière.

Deux reformulations du passage contesté seraient en concurrence : l'une établissant sans ambiguïté que les prochaines élections ne seront nullement liées à l'achèvement du recensement et une autre, plus floue, qui ouvrirait la voie à diverses interprétations.

Les deux formulations devaient être présentées au président Kabila dans la soirée, en vue d'obtenir son feu vert, a dit le diplomate.

Vieux routier de la politique congolaise, Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat, arrivé quatrième à la présidentielle de 2011, a fait entrer au gouvernement plusieurs proches ou membres de sa formation politique lors du remaniement ministériel de décembre.