Le Malawi a déployé l'armée pour aider 100 000 sinistrés des inondations qui dévastent le pays, notamment le sud, et ont fait 48 morts selon un bilan qui pourrait s'alourdir en raison des opérations de secours difficiles. Le Mozambique voisin déplore 16 victimes.

«Environ 800 personnes ont été sauvées dans les zones inondées de Nsanje et Chikwawa» dans le sud, a indiqué dans un communiqué le vice-président du Malawi, Saulos Chilima, dont le pays appelle à l'aide la communauté internationale.

«Nous avons besoin de davantage de bateaux, hélicoptères, tentes et nourritures pour les quelque 100 000 personnes affectées», a-t-il ajouté.

«Nous sommes engagés dans une course contre la montre pour sauver tout le monde», a précisé Alex Mdoko, le commissaire de Chikwana (sud), l'un des deux districts les plus touchés par les pluies torrentielles et la brusque montée des eaux.

«Nous voulons être sûrs que tout le monde soit sain et sauf», a-t-il ajouté.

Impossible de dire combien de personnes sont portées disparues «tant qu'on n'a pas fini de compter chacun et que notre opération n'a pas réussi», a-t-il poursuivi, craignant qu'il y ait beaucoup plus de victimes emportées par les eaux.

Des informations non confirmées par les autorités faisaient état jeudi de nombreux morts dans trois districts du sud du pays, South-Mulanje, Chikwawa et Mwanza.

L'état de catastrophe naturelle a été décrété mardi sur la moitié des districts de ce pays pauvre d'Afrique australe frontalier du Mozambique, où des inondations sévissent également dans les régions du nord et du centre, placées en alerte rouge.

Un premier bilan provisoire établi par l'Institut mozambicain de gestion des catastrophes naturelles (INGC) faisait état de 16 morts, sans compter 18 enfants portés disparus depuis lundi.

«Maintenant que les eaux sont en train de descendre, nous aurons bientôt une idée plus précise», a déclaré Maria Luciano, sa directrice à l'AFP.

Situation toujours dramatique

Face à cette «tragédie nationale», selon les termes du président malawite Peter Mutharika, les autorités ont mobilisé des bateaux et des hélicoptères de l'armée.

Mais les hélicoptères ont du mal depuis deux jours à se poser en raison du mauvais temps et de l'eau, notamment à Nsanje, inondée chaque année en cette saison et où les conséquences sont les pires.

L'accès aux régions sinistrées du sud est aussi gêné par l'interruption de cinq grands axes routiers, coupés après que plusieurs ponts ont été littéralement engloutis et démolis par des torrents d'eau.

«Des conduites et des ponts sur les routes affectées ont été balayés par l'eau», a précisé Portia Kanjanga, porte-parole de l'autorité des routes nationales à l'AFP, notamment des routes conduisant à la station touristique de Mangochi, prisée pour ses plages de sable au bord du lac Malawi.

Au Mozambique, où l'armée sud-africaine a dépêché un C-130 pour évaluer la situation et les besoins, les précipitations donnaient des signes d'accalmie jeudi, selon l'Institut national de météorologie (INAC) qui a maintenu cependant l'alerte maximale en raison du trop haut niveau des eaux.

Le niveau des affluents du Zambèze a augmenté à la suite des pluies au Malawi et en Zambie.

Les inondations ont provoqué l'écroulement de 10 tours de lignes à haute tension dans la province de Zambézie et quelque 300 000 clients étaient privés de courant, d'après Electricité de Mozambique (EDM), citée par l'agence AIM.

«Deux provinces du pays sont concernées par les inondations», a précisé Rita Almeida, porte-parole de l'INGC à l'AFP.

«Dans le bassin du fleuve Licungo, 19 000 personnes ont été délogées par la montée des eaux, et 4226 relogées temporairement pour le seul district de Mocuba», a-t-elle dit. C'est à Mocuba que la Nationale 1 est coupée, interrompant la liaison routière entre le nord et le centre du pays, rapportent les médias locaux.

«Dans le bassin du fleuve Lurio, situé dans la province de Niassa (nord), 16 300 personnes ont été affectées par les inondations», a-t-elle ajouté. D'après le journal A Verdade, la ville de Cumba est entièrement coupée du reste du pays par les flots.

En 2000, année des inondations les plus meurtrières du Mozambique, il y avait eu 800 morts.