L'extradition du président burkinabé déchu Blaise Compaoré, réfugié au Maroc après avoir fui son pays, «n'est pas une priorité pour nous», a déclaré le président de la transition Michel Kafando, interrogé lundi par la chaîne de télévision France24.

«C'est un dossier qui n'est pas très urgent, parce qu'il faut prendre le temps de comprendre beaucoup de choses, de voir les documents, de resituer les responsabilités», a expliqué M. Kafando. «Ce n'est pas que je n'y sois pas favorable, en fait ce n'est pas notre priorité à l'heure actuelle», a-t-il insisté.

Le premier ministre intérimaire, le lieutenant-colonel Isaac Zida, avait déclaré vendredi que le Burkina allait demander au Maroc l'extradition de Blaise Compaoré si une plainte était déposée à son encontre.

«Si, au niveau de la justice, une plainte est déposée contre le président Compaoré, je pense que nous allons demander au Maroc, bien qu'il n'y ait pas d'accord de justice entre les deux pays de mettre le président Compaoré à la disposition de la justice burkinabè», avait-il déclaré lors d'une rencontre de presse.

Le président de transition a réaffirmé la volonté des nouveaux dirigeants de combattre la corruption. La «première mission» des autorités intérimaires est de «corriger» «les situations d'injustice, d'impunité» trouvées à leur arrivée, a-t-il souligné. «Et s'il faut édicter des sanctions contre telle personne qui aurait contrevenu à la loi par des actions de prévarication, de détournements de biens privés, nous sommes prêts à infliger des sanctions.»

Interrogé par ailleurs sur la répartition des pouvoirs entre lui et le premier ministre, un militaire, M. Kafando a assuré que «c'est le président de la transition qui fixe les orientations, qui donne les instructions au gouvernement. Le gouvernement gouverne et exécute».

«Il n'y a aucune ambiguïté, Il n'y a aucun dualisme, aucun bicéphalisme, les choses sont claires», a-t-il insisté.

Après avoir tenté de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir, Blaise Compaoré avait fui son pays, face à un soulèvement populaire, le 31 octobre pour se réfugier en Côte d'Ivoire avant de rejoindre le Maroc le 20 novembre. Fer de lance du soulèvement, la société civile a appelé à des poursuites judiciaires contre Compaoré.