Le principal parti d'opposition nigérian, qui a donné sa première réunion de campagne mercredi à Abuja, en vue des élections de 2015, a accusé le parti au pouvoir de se servir de Boko Haram à des fins politiques.

«Le PDP (parti démocratique populaire) sacrifie les vies de nos frères, de nos soeurs, de nos enfants à des fins politiques égoïstes» a clamé John Oyegun, le président du Congrès progressiste (APC), devant une foule de partisans.

Si l'armée nigériane, la plus importante de toute l'Afrique de l'Ouest, a laissé l'insurrection islamiste progresser ainsi dans trois États du nord-est du Nigeria où elle s'est emparée de plus d'une vingtaine de localités, c'est parce que ce sont des bastions de l'opposition, a soutenu M. Oyegun.

Le parti présidentiel «a permis aux insurgés de contrôler ces Etats, APC» a-t-il déclaré.

Le PDP, qui dirige le pays depuis la fin des dictatures militaires en 1999, a de fortes chances de remporter les prochaines élections présidentielles et législatives, qui se tiendront en février 2015.

Mais l'opposition est plus forte que jamais, de nombreux gouverneurs et députés ayant quitté le PDP pour l'APC ces derniers mois, pour protester contre la candidature du président Goodluck Jonathan à sa réélection.

L'opposition a déjà prévenu que la crédibilité des résultats de ces élections serait remise en cause si les violences islamistes ne permettent pas de maintenir le scrutin dans les trois États du nord-est les plus affectés.

M. Jonathan a soumis mardi au Parlement une prolongation de l'état d'urgence déjà en vigueur depuis 18 mois dans cette région, pour six mois supplémentaires.

L'insurrection islamiste a déjà fait 13 000 morts depuis 2009, selon le président Jonathan, et Boko Haram affirme avoir créé un califat islamique dans les zones du Nord-Est sous son contrôle.

Dans l'État de Borno, fief historique de Boko Haram, le scrutin ne pourra se tenir que dans 12 des 27 districts, a déclaré mercredi le chef de la commission électorale indépendante pour cet État, Tukur Sa'ad.

Ces 12 districts, considérés comme sécurisés, représentent 52% du nombre de votants inscrits sur les listes électorales en 2010 dans cet État, a-t-il précisé.

Des mesures sont cependant en train d'être mises en place pour permettre aux nombreux déplacés de cette région, qui ont fui les violences de Boko Haram, de voter, a ajouté M. Sa'ad.