Armée et civils ont approuvé jeudi soir à l'unanimité une charte fixant les institutions de transition du Burkina Faso, étape importante vers une remise du pouvoir aux civils par les militaires, qui le détiennent depuis le 31 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Le présent projet de charte est voté à l'unanimité», a affirmé Henry Yé, président d'une commission qui rassemblait opposition, autorités religieuses et traditionnelles, société civile et armée.

L'adoption de cette «charte de la transition» a eu lieu sous les applaudissements des quelque 80 délégués présents, qui ont ensuite chanté l'hymne national, dans l'euphorie générale, a observé un journaliste de l'AFP.

«Ce travail ouvre de nouvelles perspectives à notre pays, surtout à la jeunesse», dont l'avenir sera «protégé», s'est réjoui Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères et ténor de l'opposition, qui s'est dit «comblé».

«Les Burkinabè ont fait preuve d'une grande maturité. Ils ont réussi là où beaucoup pensaient qu'ils allaient échouer», a commenté Adama Kanazoé, un jeune politicien, qui a qualifié la journée d'«extraordinaire» et d'«historique». «Une belle page de notre histoire s'est écrite», a-t-il renchéri.

Barkissa Konaté, membre de la société civile, a fait part de sa «fierté» d'être «une jeune Burkinabè». «La révolution est en marche. Maintenant, nous allons avoir une vraie démocratie !», a-t-elle lancé.

Le président de la transition, un civil, sera nommé par un collège électoral, a-t-on appris auprès de délégués. Il ne pourra être issu d'un parti politique.

Le président de l'assemblée, nommée Conseil national de transition (CNT), une chambre de 90 membres, sera également un civil, de mêmes sources. L'armée, qui avait des prétentions sur ce poste, a «cédé» face aux civils, avait reconnu en début d'après-midi le lieutenant-colonel Isaac Zida, l'actuel homme fort du pays.

Le premier ministre, désigné par le président, pourra être un civil ou un militaire, selon les délégués. Il sera à la tête d'un gouvernement de 25 membres.

«Comme dans une démocratie normale, le président choisira une personnalité qu'il considère avoir les compétences», a remarqué Luc Marius Ibriga, un responsable d'ONG, membre éminent de la société civile.

«Si nous acceptons des militaires dans le gouvernement, il n'y a pas de raison qu'on puisse les exclure de ce poste», a-t-il ajouté.

Mis sous pression par l'Union africaine et les partenaires occidentaux du Burkina Faso pour qu'ils rendent le pouvoir, les militaires ont dû faire des concessions.

L'Union africaine a posé le 3 novembre un ultimatum à l'armée pour qu'elle passe le flambeau aux civils dans les quinze jours, sous peine d'éventuelles sanctions. Ce délai expire lundi.