Un citoyen canadien croupit depuis plus de trois semaines dans une prison de la République démocratique du Congo (RDC), une détention « arbitraire et illégale », selon ses amis. Jean David Engazi Kowozida, né congolais, mais naturalisé citoyen canadien il y a quelques années, a été arrêté le 6 octobre à l'aéroport de Kinshasa, la capitale, alors qu'il s'apprêtait à prendre l'avion pour rentrer à Montréal.

L'homme de 39 ans, étudiant à la maîtrise à HEC Montréal, venait de traverser les contrôles quand « on lui a enlevé son passeport », a raconté hier à La Presse Jean-Paul Elese, lui aussi un Montréalais d'origine congolaise. Deux agents des services de migration et de renseignement l'auraient ensuite emmené à l'écart pour lui apprendre qu'il lui était « interdit de quitter le territoire ».

« On l'accuse d'être le leader des opposants congolais au Canada qui contestent l'autorité du gouvernement congolais en place », affirme M. Elese, qui réfute ces accusations. « Oui, il écrit son opinion politique, car il n'est pas content, mais il n'est pas un criminel. »

Jean David Engazi Kowozida avait passé une partie de l'été dans son pays natal pour rendre visite à sa famille et explorer quelques possibilités d'affaires. Ses amis se sont inquiétés lorsqu'il n'a pas atterri à Montréal le 7 octobre, comme prévu. Quelques jours plus tard, ils ont appris son incarcération par sa famille.

Un représentant de l'ambassade du Canada à Kinshasa lui aurait rendu visite « au moins deux fois », dit Jean-Paul Elese, et ses conditions de détention seraient relativement bonnes. 

Silence diplomatique

Le ministère des Affaires étrangères du Canada se montre très discret sur le sujet et a refusé la demande d'entrevue de La Presse, se limitant à un courriel laconique. « Les fonctionnaires canadiens sont en contact avec les autorités locales pour recueillir des informations supplémentaires, et fournissent une assistance consulaire », écrit la porte-parole Caitlin Workman.

Il a toutefois été impossible de savoir si Ottawa a demandé la libération de son citoyen.

« Nous ne sommes pas au courant d'un citoyen canadien emprisonné en RDC », a pour sa part indiqué hier midi à La Presse Dala Peng, un responsable de l'ambassade de la République démocratique du Congo à Ottawa. En raison du décalage horaire, il n'a pas été possible pour l'ambassade de faire des vérifications dans l'immédiat.

Jean-Paul Elese espère que les autorités congolaises remettront son ami en liberté le plus vite possible. « Je souhaiterais qu'elles comprennent qu'elles sont en train de se tirer dans le pied. Leur situation n'est déjà pas enviable, l'incompétence des autorités en place n'est plus à démontrer. J'espère que le gouvernement canadien va intervenir vraiment vigoureusement. »