Réélu pour un second mandat, le président du Botswana, Ian Khama, va devoir s'attaquer au chômage dans ce pays d'Afrique australe affecté par les fluctuations du marché du diamant, principale richesse nationale.

Le scrutin de vendredi a été marqué par une relative poussée de l'opposition, qui avait accusé M. Khama d'autoritarisme et de ne pas avoir su diversifier suffisamment l'économie pour préserver les emplois, au moment de la crise du diamant.

Pays de seulement deux millions d'habitants considéré comme la démocratie la plus apaisée et la moins corrompue d'Afrique, le Botswana votait pour élire ses députés, qui doivent eux-mêmes formellement élire le président.

M. Khama, certain d'être reconduit pour un second mandat de cinq ans, doit prêter serment mardi, a précisé le président de la Cour suprême, en annonçant le résultat dans une allocution télévisée.

Les derniers chiffres officiels, diffusés dimanche, donnent en effet une majorité absolue de 37 sièges sur un total de 57 au Parti démocratique du Botswana (BDP), qui dirige le pays sans discontinuer depuis l'indépendance en 1966 de cette ancienne colonie britannique. Le BDP détenait 41 sièges dans le Parlement sortant.

Le grand bénéficiaire du scrutin est cependant la coalition d'opposition UDC (Collectif pour un changement démocratique), qui compte dans ses rangs une formation fondée par des dissidents du BDP.

L'UDC, qui participait pour la première fois à des élections, a remporté 17 sièges. Le parti a notamment gagné des sièges dans certaines places fortes urbaines du BDP, à commencer par la capitale Gaborone.

Le Mouvement du Bostwana pour la démocratie (BMD), jusqu'ici opposition officielle, s'effondre avec trois sièges seulement.

Frustration des jeunes 

L'UDC a capitalisé sur la frustration des jeunes urbains, durement frappés par le chômage depuis la crise mondiale de 2009, qui a provoqué une chute des cours du diamant et un relatif appauvrissement du pays.

Ian Khama, 61 ans, avait admis pendant la campagne l'échec de son gouvernement en matière d'emploi. «Je suis peiné que nous n'ayons pas réussi à faire plus pour nos concitoyens qui ne trouvent pas de travail, particulièrement notre talentueuse jeunesse», avait-il écrit dans une lettre à ses électeurs, diffusée une semaine avant le scrutin.

S'il veut que son parti conserve le pouvoir encore longtemps, le président va devoir diversifier l'économie, notent les analystes, et améliorer le sort de ses concitoyens.

À cause de la chute des cours du diamant, le gouvernement a gelé ces dernières années des investissements programmés, provoquant une montée du chômage. Mais, durant sa campagne, Ian Khama a surtout insisté sur les succès des années passées, notamment la bonne gouvernance du pays et l'amélioration du système de santé.

Les élections ont été validées par les observateurs internationaux, malgré quelques critiques.

Pour la Communauté d'Afrique australe (SADC), le scrutin a été «crédible et reflète la volonté du peuple [...]. Le Botswana reste unique en Afrique, pour avoir connu 48 ans de démocratie durable et ininterrompue».

La mission a cependant regretté que l'information des électeurs pendant la campagne n'ait pas été meilleure et a déploré le manque de femmes parmi les candidats.

Pour assurer une campagne vraiment équitable, l'Union africaine (UA) a pour sa part émis le voeu que l'État aide les partis financièrement.

«Nous sommes conscients que peu de pays africains peuvent se permettre de financer les partis politiques, mais c'est inscrit dans les statuts de l'UA», a rappelé l'ex-présidente du Malawi Joyce Banda, chef de la mission d'observateurs de l'UA.

Un peu plus grand que la France et enclavé, le Botswana est constitué pour l'essentiel de zones désertiques, dont le Kalahari.