Le cessez-le-feu que le gouvernement nigérian dit avoir signé avec Boko Haram n'a pas été pris en compte par tous les combattants du groupe islamiste, ont estimé d'influents notables du Nord-Est, toujours secoué par les violences.

Un accord de cessez-le-feu avec le groupe islamiste a été annoncé vendredi par le chef d'état-major de l'armée et le premier secrétaire de la présidence nigériane, mais il a été mis en doute, pendant le weekend, par des témoignages faisant état de nouveaux affrontements dans le Nord-Est, épicentre de l'insurrection islamiste.

«S'ils avaient été informés (...) d'un accord de cessez-le-feu, je ne pense pas que (les islamistes) continueraient à attaquer des innocents et à s'emparer de localités», a déclaré dimanche soir Bulama Mali Gubio, le porte-parole du Forum des Anciens de l'État de Borno, composé d'anciens responsables politiques et militaires et de dirigeants locaux.

«Ou bien ceux avec qui le gouvernement fédéral négocie ne sont pas (les représentants) de Boko Haram (...) ou bien on se moque de nous», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno.

Des responsables de l'armée et des services de sécurité de cette région ont quant à eux affirmé à l'AFP, ce weekend, n'avoir pas été informés d'un cessez-le-feu.

Aussi, de nombreux témoignages ont fait état d'une vague d'attaques de Boko Haram dans les États de Borno et d'Adamawa et d'affrontements entre les islamistes et l'armée nigériane à Damboa, dimanche.

Boko Haram tient 20 localités 

Un haut gradé de l'armée nigériane a parlé, sous condition d'anonymat, d'au moins 35 morts dans les rangs des combattants islamistes. L'attaque contre Damboa aurait été repoussée.

Des grenades, des fusils mitrailleurs et des explosifs ont été récupérés sur les lieux des combats, qui ont duré de 19h00 locales dimanche aux premières heures du lundi matin.

En fuyant les combats, de nombreuses personnes se sont noyées dans la rivière Kumadugu-Yobe où passe la frontière avec le Niger, selon un témoin qui n'a cependant pu préciser le nombre de victimes.

Les passeurs qui opéraient les barges s'étaient retirés à cause des combats, selon cet habitant de la ville frontalière d'Abadam, Usman Alhaji.

Certaines victimes, «surtout des femmes et des enfants», se sont noyées alors qu'elles cherchaient à se mettre en sécurité, a précisé M. Alhaji.

Concernant le cessez-le-feu, selon M. Gubio le gouvernement a pu aussi signer un accord avec une faction de Boko Haram, qui ne représente pas le groupe dans son ensemble.

«Si le gouvernement fédéral ne sait pas qui est le vrai Boko Haram, je pense qu'ils devraient se renseigner auprès de nous», a-t-il déclaré.

Les autorités nigérianes ont dit avoir signé un tel accord au Tchad voisin, et qu'il prévoyait notamment la libération des plus de 200 lycéennes de Chibok aux mains des islamistes depuis le mois d'avril.

Mais aucun détail n'a été donné sur les conditions réclamées par Boko Haram pour déposer les armes.

Selon un site internet d'analyse de l'insurrection, Boko Haram a pris le contrôle de 20 localités de plus de 10 000 habitants dans les États de Yobe, Borno et Adamawa.

Le groupe islamiste  a notamment pris le contrôle de Gwoza, dans l'État de Borno, une ville de 50 000 habitants que Boko Haram a déclaré le mois dernier comme faisant partie du califat islamique.

L'armée nigériane assure avoir repris le contrôle de cinq villes, une information démentie par des habitants cités par ce site indépendant, nigeriancoin.wordpress.com.